Le Père Noël a été brûlé le 23 décembre 1951 sur le parvis de la cathédrale de Dijon. L’ethnologue Claude Lévi-Strauss avait interrogé cet événement du « Père Noël supplicié » (Les Temps modernes de mars 1952). Il y avait vu la preuve de la pérennité d’un mythe millénaire, bien antérieur au monothéisme.
Et comme tous les mythes, il a ses détracteurs. C’est un abuseur de la candeur des enfants, s’insurgent les parents anti-Père Noël. C’est l’opium des petits. Un mensonge social, collectif, coercitif, par lequel s’exerce un chantage bien réel sur les enfants pour qu’ils filent doux. C’est un mensonge qui initie au mensonge et foule au pied du sapin les fondements de la morale, telle que le pose un philosophe comme Kant : on ne peut pas mentir sans accepter que l’on nous mente en retour et cette logique inculquée dès le plus jeune âge sape toutes les relations.
Devenus adultes, les parents propagent à leur tour le mythe, sans même bien savoir pourquoi, on est donc bien dans l’aliénation, le contraire de la finalité de l’éducation, qui doit éveiller à l’autonomie, tempêtent les anti-Père Noël.
Il y a mensonge et mensonge
Face au Père Noël bashing, les défenseurs du vieillard barbu ne sont pas en reste. « Oui, le mythe du Père Noël, comme tout mythe, s’apparente à un mensonge, admet la psychanalyste Claude Halmos, qui fut l’élève de Françoise Dolto. Toutefois, il y a mensonge et mensonge : celui des enfants qui naissent dans les choux, de la grand-mère qui est partie en voyage quand elle est morte, ou tous les secrets de famille, voilà des mensonges destructeurs. Mais le mensonge du Père Noël fabrique du merveilleux, il dit aux enfants l’amour dont ils sont les objets. Pour l’enfant, l’amour est une abstraction et le Père Noël permet de l’incarner. Aucune toxicité, le Père Noël est excellent pour la santé et le développement de l’enfant. »
« Dans mon expérience de clinicienne, j’ai dû observer deux ou trois cas d’enfants très angoissés par le Père Noël, témoigne le Dr Dominique Tourrès-Gobert, pédo-psychiatre, auteur d’« Il était une fois le Bon Dieu, le Père Noël et les fées » (Albin Michel) ; son intrusion par la cheminée, alors que le feu peut y être allumé, sa rencontre à la porte d’un grand magasin leur font peur. Mais pour l’immense majorité, quel bonheur ! Et quelle bonne école : à la différence des mensonges destructeurs qui instillent de la honte, c’est un mensonge éducateur sur le chemin de la croyance : on y croit tout d’abord, dans la joie de la fête, et à l’âge dit de raison, entre cinq et dix ans, on y « dé-croit », on fait une expérience initiatique, qui permet d’entrer dans le monde adulte, c’est un gain et jamais un traumatisme, comme quand il y a processus de trahison. En « dé-croyant » au Père Noël, l’enfant apprend la distance à observer face à tout ce qui relève de la croyance.
« Quant à la dimension narcissique inhérente au fait que l’enfant se trouve le centre de la fête, l’objet de la générosité et des cadeaux, elle est très bénéfique : à condition de ne pas verser dans la mégalomanie, cette construction narcissique inculque une bonne image de soi, c’est un capital et une protection pour toute la vie. Sans ce narcissisme initiatique, l’enfant reste en déficit affectif. »
Bref, assurent ses défenseurs, le Père Noël est bon pour la santé psychique, celle de l’enfant, comme celle de l’adulte.
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