Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est un trouble du sommeil fréquent, avec un pic de prévalence autour de 3 % entre trois et huit ans.
« C’est un enjeu de santé publique car les conséquences du SAOS non traité sont potentiellement graves chez les jeunes enfants (d’âge inférieur à sept ans) qui peuvent développer un déficit neurocognitif avec des troubles des apprentissages. Chez des enfants un peu plus âgés, en surpoids ou obèses, des complications cardiovasculaires et métaboliques peuvent apparaître », explique la Dr Laurianne Coutier (CHU Lyon).
On distingue trois catégories de SAOS chez l’enfant :
− SAOS de type I : enfants jeunes (< 7 ans), non obèses, sans comorbidité, présentant un obstacle ORL (généralement une hypertrophie des amygdales) ;
− SAOS de type II : enfants obèses ou en surpoids d’âge supérieur à sept ans et sans obstruction ORL ;
− SAOS de type III : enfants atteints d’une pathologie malformative craniofaciale, neuromusculaire ou d’origine génétique.
Respiration par la bouche : un signe d’appel
En premier lieu, un interrogatoire (enfant, parents) bien construit permettra de repérer les signes cliniques essentiels. Les parents rapportent souvent durant le sommeil de l’enfant des ronflements sonores et/ou une respiration difficile, bruyante avec des irrégularités respiratoires ou des apnées. Les ronflements ne sont pas pathognomoniques et leur fréquence doit être supérieure à trois nuits/semaine. Un autre signe est l’obstruction nasale chronique : l’enfant respire par la bouche, il dort la bouche ouverte.
« Le sommeil étant perturbé par les réveils nocturnes, la fatigue retentit pendant la journée sur le comportement du jeune enfant, qui lutte contre la fatigue par une agitation avec hyperactivité motrice, troubles de l’attention, irritabilité. Les plus grands se plaignent plutôt de fatigue et de céphalées matinales », déclare la Dr Coutier.
Le recueil des signes cliniques, les données de l’examen physique et ORL sont essentiels, mais ne permettent pas de poser avec certitude le diagnostic de SAOS, ce que seuls peuvent les enregistrements de la respiration au cours du sommeil (lire encadré).
« Les médecins généralistes et les parents sont aujourd’hui beaucoup mieux informés sur le SAOS et nous voyons augmenter la fréquence des consultations pour ce motif à l’hôpital. Cette prise de conscience est une bonne chose, cependant le SAOS reste encore sous-évalué », estime la Dr Coutier.
L’accès aux laboratoires du sommeil est souvent difficile, car surchargés.
L’hypertrophie des amygdales : principale cause
La prise en charge est globale, multidisciplinaire et repose sur des examens hiérarchisés.
Les SAOS de type I et II doivent être adressés à un ORL en première intention, afin d’éliminer les obstacles sur les VAS. « L’hypertrophie des amygdales est la première cause des SAOS. Avant le traitement chirurgical (adénoïdectomie, amygdalectomie), il convient aussi d’éliminer un RGO associé ou une rhinite allergique », souligne la Dr Coutier.
Ensuite, l’orthodontiste évaluera les problèmes dentomaxillaires et faciaux. Une expansion maxillaire rapide en cas de palais étroit ou des orthèses d’avancée mandibulaire peuvent être réalisées… « L’évaluation par un kinésithérapeute spécialisé en maxillo-facial est également nécessaire car, en travaillant sur les muscles du visage, il peut aider à développer la respiration nasale. Son travail est complémentaire à celui des orthophonistes. Enfin, les pneumologues arrivent en dernière ligne s’il y a besoin d’une ventilation non invasive (si IAOH > 10 heures), mais cela reste rare. À ce sujet, il faut souligner que le décret du 11 juillet 2017 précise bien que la prescription d’une PPC chez l’enfant doit être réalisée par un pédiatre spécialisé en sommeil ou un pneumopédiatre », conclut la Dr Coutier.
Entretien avec la Dr Laurianne Coutier, Lyon
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