Assis
Contrairement à certaines idées reçues, il est inutile que l’enfant s’allonge. Il est préférable qu’il reste assis. De même, il ne doit pas basculer la tête en arrière, geste qui peut masquer la persistance de l’épistaxis s’écoulant vers l’arrière dans le pharynx puis déglutie, et rendre difficile l’appréciation de la perte sanguine. De plus, une grosse quantité de sang déglutie peut entraîner des troubles digestifs qui ne feront que compliquer le tableau.
Compression bidigitale
Le premier geste à faire pour juguler l’hémorragie est de comprimer les ailes du nez, en dessous du relief dur des os propres, entre le pouce et l’index. Si l’enfant est trop jeune pour le faire lui-même, cette compression bidigitale doit être effectuée par un adulte. Pour être efficace, il faut qu’elle soit suffisamment prolongée : comprimer vaguement et sans conviction pendant 30 secondes ne sert à rien. Il faut comprimer fermement, pendant au moins trois minutes, en parlant à l’enfant pour détourner son attention, si cette attente lui semble longue.
Méchage antérieur « maison »
Si la compression s’avère insuffisante, il est légitime de mettre dans la narine qui saigne un morceau de coton hydrophile. Il y en a dans la plupart des pharmacies familiales. Pour que le coton puisse comprimer la tache vasculaire, il ne doit pas être simplement posé sur le seuil narinaire mais bien introduit, un peu plus loin dans la narine, par un mouvement tournant de vissage. Trois centimètres cubes suffisent pour un enfant de 3 à 5 ans. Si l’enfant saigne souvent du nez, il peut être utile que les parents achètent de la pommade HEC, dont ils enduiront le morceau de coton hydrophile avant de l’introduire dans la narine, du côté qui saigne. Le plus pratique lorsque l’on n’est pas chez soi, est d’avoir dans le sac à main, ou dans la poche, ou dans le cartable, des éponges de gélatine résorbable (sous blister – précisons aussi que la gélatine est d’origine porcine) (Bloxang) ou des sachets individuels en papier de mèches hémostatiques d’alginate de calcium (Coalgan). Au contact du sang l’éponge de gélatine forme un gel qui arrête le saignement. Le produit étant lentement résorbable, il n’est pas nécessaire de le retirer après arrêt de l’épistaxis. L’alginate de calcium quant à lui favorise l’agrégation plaquettaire et donc l’hémostase. Mais ce produit n’est pas résorbable. Il faut retirer cette petite mèche quelques heures après l’arrêt de l’épistaxis, pour éviter de voir apparaître une suppuration autour de ce corps étranger. Attention : si le saignement est un peu plus violent, tant l’éponge de gélatine que la mèche d’alginate s’imbibent très vite, avant d’être efficaces, et il faut les retirer et en remettre d’autres.
En cas d’échec, une consultation en urgence peut être indispensable pour pratiquer un tamponnement antérieur.
Cautérisation chimique ambulatoire
Si les épistaxis sont fréquentes (plusieurs fois par mois), un traitement ambulatoire peut être prescrit. Il s’agit de la pommade HEC qui agit par son action tannante sur la muqueuse des fosses nasales. Elle doit être appliquée quotidiennement avec un porte-coton au niveau de la tache vasculaire pendant au moins 15 jours (faire un schéma explicatif pour les parents). Il est préférable de faire l’application le soir au coucher plutôt que dans la journée : en décubitus dorsal, ou même latéral, avec la chaleur du corps, la pommade va s’étaler sur la cloison nasale, plutôt que de couler vers l’avant en brûlant (légèrement) le seuil narinaire.
Un seul médicament administrable par voie orale a l’AMM pour les épistaxis : la Dicynone (250 mg : 1 comprimé trois fois par jour pendant 10 jours) qui augmente l’adhésivité plaquettaire et la résistance vasculaire. Rappelons cependant que ce produit n’a aucune efficacité en cas de trouble constitutionnel ou acquis de l’hémostase.
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