EN FRANCE, seuls 17 % des équipes urgentistes sont favorables à la présence des parents en cas de réanimation cardio-pulmonaire d’un enfant et la présence parentale effective ne dépasse pas 6 %. Un « score » très très bas qui va à l’encontre des recommandations officielles et de la pratique de nombreux pays. Au Royaume-Uni, au Canada, aux États-Unis, le taux d’acceptation par les professionnels de santé va de 66 % à 100 % selon les enquêtes.
Alors à qui la faute ? « C’est le reflet de la culture française très paternaliste », déplore le Pr Denis Oriot (réanimation pédiatrique au CHU de Poitiers), un des auteurs de l’étude publiée dans les « Archives of Disease Chidhood », une des éditions du « BMJ ». La situation est d’autant plus regrettable que l’étude a concerné des professionnels de santé qui tous avaient été participés à un DU de gestes d’urgence en pédiatrie qui suit les recommandations internationales, donc en faveur de la présence parentale.
L’enquête a été menée par questionnaire auprès de 343 professionnels de santé, médecins (47 %) et infirmières (53 %). Plus de la moitié de ces soignants avaient eu l’expérience d’une présence parentale durant une RCP pédiatrique mais seulement 6 % des médecins l’avaient volontairement proposé. Les réponses aux questionnaires montrent que seulement 27 % des médecins sont en faveur de la présence parentale et 12 % des infirmières. « La majorité des personnels soignant hostiles à cette pratique estime que c’est traumatisant pour les parents, que cela pourrait gêner le déroulement de la réanimation, que le stress parental risque de se transmettre à toute l’équipe », explique le Pr Oriot.
Travail de deuil facilité.
Pourtant, les études publiées dans la littérature internationale montrent exactement l’inverse : « il n’y a pas de troubles psychiques au long cours chez les parents qui ont assisté à la réanimation de leur enfant, que le travail de deuil s’avère plus facile lorsque l’issue est négative, et qu’il n’y a aucune modification de la performance technique, insiste le Pr Oriot. À Poitiers, aux urgences pédiatriques, tous les gestes pratiqués sur les enfants, le sont en présence des parents, sauf, bien sûr, si eux-mêmes ne le souhaitent pas ».
Toutes les conditions semblent donc réunies pour former les équipes. « Mais dans le cadre du DPC, regrette Denis Oriot, la formation en équipe n’existe pas. Ce serait pourtant le seul moyen pour rattraper notre retard dans ce domaine ».
Le taux de survie après réanimation cardio-respiratoire n’est que de 8 %, et chute à 4 % pour la survie sans séquelle. La majorité des arrêts survient par anoxie (95 %) ou arrêt circulatoire, chez des enfants qui ont une pathologie connue (asthme, bronchiolite…). Les parents qui ont accompagné leur enfant tout au long des étapes de la maladie ne devraient pas être séparés de leur enfant au moment de la réanimation.
Parental presence during cardiopulmonary resuscitation of children : the experience, opinions and moral positions of emergency teams in France. Cédric Tripon et coll. Arch Dis Child doi : 10.1136
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024