Si une fièvre supérieure à 38 °C (qui s’avère être d’origine bactérienne dans 10 à 12 % des cas) ou le malaise du tout-petit nécessitent un passage aux urgences pédiatriques, d’autres situations pourraient être gérées autrement, car la venue à l’hôpital n’est pas sans risque. Le suivi médical devrait être amorcé dès la sortie de la maternité avec un correspondant médical (de préférence un pédiatre ou un médecin généraliste formé aux pathologies du nouveau-né), pour éviter les passages inconsidérés aux urgences. L’éducation doit même débuter dès la grossesse, surtout pour les mères isolées, sans famille pour les entourer et dont c’est le premier enfant. Le site 1 000-premiers-jours.fr est une source intéressante d’information à recommander.
Consultation de la deuxième semaine
En l’absence de problème de santé, la durée de séjour du couple mère-enfant en maternité était de 3,7 jours en moyenne en 2021 selon l’enquête nationale périnatale (ENP) 2021. Le nouveau-né y a normalement été examiné à 48 heures, et avant sa sortie. « Étant donné que les séjours en maternité ont tendance à se raccourcir, les nouveau-nés doivent être vus entre J6 et J10 par leur médecin et vers un mois de vie au minimum », rappelle la Dr Cécile Boscher, pédiatre responsable du lactarium au CHU de Nantes. Lors de cette consultation, le nourrisson est pesé nu sans couche, pour s’assurer que la prise de poids est d’au moins 25 g par jour. Sont également vérifiés le nombre et la couleur des selles (au moins trois par jour le premier mois), les organes génitaux et l’anus. La bouche, le palais et les yeux, sont observés. L’abdomen est palpé, le tonus testé. Une auscultation cardiaque et une palpation des pouls fémoraux sont réalisées. « Le médecin doit encore s’assurer des modalités de couchage du bébé [à plat, sur le dos dans un couchage adapté, sans oreiller, ni peluche, ni couverture, dans la chambre des parents les six premiers mois, mais jamais dans leur lit], de la prise de vitamine D3 (400 à 800 UI/jour), poursuit la pédiatre. Il doit observer les interactions entre le bébé et ses parents, et demander à la mère comment elle se sent. » Le dépistage de la dépression du post-partum est effectivement essentiel car il toucherait jusqu’à 16 % des femmes. « Cette consultation précoce est enfin un temps important pour répondre aux questions et aux angoisses bien légitimes des parents », ajoute la Dr Boscher.
S’il est normal qu’un bébé pleure, moins de 5 % des pleurs étant d’origine organique, c’est très anxiogène pour des parents. Mais lorsque sa courbe de poids est bonne, que l’examen médical est normal, que le bébé se calme dans les bras, il n’y a pas lieu de s’en inquiéter. Encore faut-il en informer les parents !
Entre deux consultations, il est aussi possible de voir une sage-femme libérale ou de se rentre en PMI, voire de prendre contact avec le lieu de naissance en cas de questionnement important. « Les problèmes qui peuvent se résoudre en ville, comme l’ictère, les difficultés d’allaitement, les petites règles chez les filles, etc., devraient être gérés en amont des urgences », insiste la Dr Boscher.
Encore faut-il que les médecins soient formés. « Dans les Pays de la Loire, nous faisons des formations pour les médecins, les sages-femmes, les puéricultrices et médecins de PMI, etc. Elles portent sur le suivi du premier mois de vie afin d’évoquer tous les problèmes rencontrés autour de l’alimentation, de la prise de poids, l’ictère, les malaises, les cardiopathies… », explique la Dr Boscher.
Soutien à l’allaitement
Le soutien à l’allaitement doit être une priorité chez les femmes qui l’ont choisi. Or, plus de la moitié de celles qui ont arrêté l’allaitement maternel à deux mois, l’ont fait dans le premier mois (ENP 2021). La consultation de soutien vise à transmettre les bons messages. Les sages-femmes en libéral, les puéricultrices de PMI, le lactarium et/ou une consultante diplômée en lactation, peuvent être consultées pour éviter l’arrêt pour de mauvaises raisons. « Pour que l’allaitement soit efficace dès les premiers jours, il faut un minimum de 8 à 12 tétées par 24 heures, en proposant les deux seins à chaque tétée, à l’éveil et pas seulement à la demande, car certains enfants demandent peu, voire pas ! Un nouveau-né qui reçoit suffisamment de lait urine au moins six fois et a au moins trois selles par 24 heures. La constipation au lait de mère n’existe pas, mais les selles peuvent se faire plus rares après le premier mois de vie, même si l’allaitement fonctionne bien » prévient la Dr Boscher.
Exergue : La venue à l’hôpital n’est pas sans risque
Entretien avec la Dr Cécile Boscher, pédiatre responsable du lactarium au CHU de Nantes, co-autrice de « L’allaitement, 100 questions/réponses » (éd. Ellipses)
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