La maladie de Lyme (ML) est une maladie infectieuse due à un spirochète, Borrelia burgdorferi et Borrelia apparentées. Elle est transmise par les piqûres ou morsures de tique, dont le réservoir animal est large. La ML touche autant les enfants que les adultes, avec un pic entre 5 et 9 ans. Elle est plus fréquente dans les régions de forêt et les régions humides, en particulier aux États-Unis, en Europe de l'est et dans les pays scandinaves, mais la France n'est pas épargnée quelle que soit la région.
« Comme chez l'adulte, elle évolue en différentes phases mais de façon accélérée », indique le Pr Pierre Bégué, président de l'Académie nationale de médecine, qui a consacré une séance à la ML le 20 septembre 2016.
La phase primaire est marquée par la survenue d'un érythème migrant, caractéristique de la maladie : il débute par une lésion maculopapuleuse érythémateuse, centrée sur le site de la piqûre de tique et s'étend de façon annulaire et centrifuge sur une durée de quelques jours à quelques semaines. Typiquement, mais de façon inconstante, il s'éclaircit en son centre ce qui lui donne un aspect annulaire à centre clair et bordure inflammatoire. « La présence d'un érythème migrant et la notion d'une morsure de tique dans les semaines précédentes suffisent au diagnostic, souligne le Pr Bégué. La sérologie est inutile car les anticorps apparaissent tardivement ». Chez l'enfant, l'érythème migrant est plus volontiers localisé à la partie supérieure du corps et peut passer inaperçu notamment s'il est situé au niveau du cuir chevelu. L'enfant peut être fatigué et fébrile, ce qui peut égarer le diagnostic en l'absence de notion de piqûre de tique.
Lorsque l'érythème migrant est resté méconnu ou si l'enfant n'a pas été traité, la ML peut évoluer vers une forme secondaire, souvent plus rapidement que chez l'adulte, en quelques semaines. Globalement, les localisations secondaires sont comparables à celles observées chez les adultes, avec toutefois peu de polyradiculonévrites et de très exceptionnelles acrodermatites chroniques atrophiantes.
Ces localisations sont surtout neurologiques, relativement rares (paralysie faciale, méningite à liquide clair…), articulaires plus fréquentes, à type de mono-arthrite avec douleur et fièvre, ou cardiaques, se manifestant plutôt par des troubles de la conduction survenant chez des enfants plus grands ou des adolescents. Il est important à ce stade de savoir évoquer le diagnostic, et de rechercher la notion de piqûre de tique dans les semaines ou mois précédents. La réalisation de sérologies, selon deux techniques (Elisa et Western Blot) permet alors de mettre en évidence des IgG et des IgM.
« Les données épidémiologiques en pédiatrie sont peu nombreuses, mais selon des études canadiennes et italiennes, les formes lointaines et chroniques paraissent exceptionnelles chez l'enfant », rapporte le Pr Bégué, avant de préciser que la ML est globalement moins grave et moins préoccupante que chez l'adulte.
Le Pr Bégué insiste toutefois sur la nécessité « de mener des travaux supplémentaires pour connaître les réponses sérologiques propres à l’enfant et de disposer d’études épidémiologiques de bonne qualité pour mieux apprécier l’évolution de la maladie dans la population pédiatrique ».
Les conséquences, pour le fœtus, d'une morsure de tique chez une femme enceinte ne sont pas connues, et la transmission de la mère à l'enfant n'est pas prouvée.
Antibiotiques aux bonnes doses
Le traitement préventif se fonde sur des mesures de protection comme le port de vêtements longs, éventuellement sur le recours à des repellents, et sur la vigilance et l'extraction dans de bonnes conditions de la tique en cas de morsure. Elle doit être retirée doucement avec un mouvement de rotation, sans appliquer de produit de type alcool afin que la tique ne rejette pas les spirochètes dans la circulation.
Lorsqu'un érythème migrant est diagnostiqué, un traitement antibiotique doit être instauré rapidement pour une durée de 14 jours : amoxicilline 50 mg/kg/jour, à défaut doxycycline 4 mg/kg/jour (contre-indiquée avant l'âge de 8 ans) ou céfuroxime 30 mg/kg/jour.
Dans les formes secondaires articulaires, l'antibiothérapie fait appel à l'ampicilline ou d'emblée à la ceftriaxone 50 à 75 mg/kg/jour pendant un mois. Les méningites sont le plus souvent traitées par la ceftriaxone pour une durée de 2 à 4 semaines, tout comme les complications cardiaques.
« Les antibiotiques doivent être donnés aux bonnes doses, qui sont relativement élevées, et pour la durée préconisée, car un traitement insuffisant peut favoriser la survenue de complications. Mais traiter plus longtemps n'apporte pas de bénéfice supplémentaire », conclut Le Pr Pierre Bégué.
D'après un entretien avec le Pr Pierre Bégué, président de l'Académie nationale de médecine.
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