ON NE COMPRENAIT pas bien pourquoi, dans la mucoviscidose, les enfants porteurs de Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) présentaient un déclin rapide de leur fonction pulmonaire, et pas les adultes. On comprend mieux maintenant… les études n’étaient pas assez fiables ! Selon une vaste étude épidémiologique américaine, il apparaît que, tout comme les enfants, les adultes atteints de mucoviscidose pâtissent du portage à SARM et meurent davantage que les malades non porteurs. L’équipe du Dr Elliott Dasenbrook vient d’estimer que ce surrisque de mortalité lié au portage était d’un tiers (34 %). Ainsi le taux était de 27,7 décès pour 1 000 patient-années chez les porteurs, tandis qu’il était de 18,3 pour 1 000 patient-années chez les non-porteurs.
Près de 20 individus atteints de mucoviscidose âgés de 6 à 45 ans ont été inclus dans la cohorte. Les sujets, recrutés entre janvier 1996 et décembre 2006, ont été suivis jusqu’en décembre 2008, totalisant au final plus de 137 800 patient-années d’observation, soit un nombre plus que suffisant pour la fiabilité des analyses. Dans la mucoviscidose, le portage à SARM apparaît être un facteur de risque de mortalité indépendant de l’évolution de la maladie, et pas seulement un marqueur de fin de vie. Ce qui semblait pourtant aller de soi au prime abord, en raison de la fréquence des hospitalisations et des cures d’antibiothérapie, qui majorent en elles-mêmes le risque de sélectionner une bactérie résistante.
Autre argument en faveur du portage comme facteur indépendant de mortalité, le surrisque apparaît transitoire, puisqu’il revient à zéro une fois l’éradication obtenue. Ainsi, la mortalité des malades s’étant débarrassé de la bactérie en moins d’un an était la même que ceux n’ayant jamais eu de cultures positives à SARM. En revanche, les patients ayant plusieurs tests consécutifs positifs pendant au moins deux ans avaient un risque plus élevé de décéder. En conclusion, les auteurs soulignent tout l’intérêt d’avoir recours à un traitement agressif pour venir à bout du SARM chez les patients porteurs ayant une mucoviscidose, de l’enfance à l’âge adulte. Par la même occasion, il est rappelé la nécessité des recommandations visant à diminuer la transmission du SARM, en particulier en ambulatoire dans les services de jour, qui reste le mode de prise en charge le plus fréquent dans cette pathologie chronique.
JAMA, 16 juin 2010, volume 303, n° 23.
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