La dermatologie pédiatrique s’enrichit

Nouvelles données, nouveaux concepts

Publié le 10/03/2014
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Crédit photo : PHANIE

Les résultats des études sur l’utilisation du propranolol dans les Hémangiomes infantiles (HI) sont spectaculaires. Même si la publication de l’étude HEMANGIOL n’a pas encore eu lieu, le dossier a été déposé à l’Agence européenne et à la Food and Drug Administration (FDA). Une revue systématique des études publiées entre juin 2008 et juin 2012 a montré un taux de réponse de 98 %, quelle que soit la localisation de l’hémangiome (1). Une étude prospective sur 174 enfants traités pour des HI à retentissement potentiellement grave ou compliqué a montré l’efficacité du propranolol dans 99,4 % des cas. « C’est la première fois que nous avons un traitement très efficace sur les hémangiomes à risque, insiste le Pr Jean-Philippe Lacour. Nous disposions jusqu’alors de la corticothérapie générale à fortes doses, avec plus d’un tiers d’échec ou des résultats insuffisants. Le propranolol est actuellement prescrit en ATU et tous les centres de dermatologie ont appris à l’utiliser avant même qu’il n’obtienne l’AMM. Une notion importante : il faut traiter précocement ». Un consensus a été élaboré aux États-Unis par des équipes qui le prescrivaient depuis 5 ans et qui ont défini le mode d’administration, la posologie, la survenue des effets secondaires (3).

Les choses avancent également dans le domaine de la génétique avec la découverte de la cause des angiomes plans du visage et du syndrome de Sturge-Weber où les angiomes sont associés à des malformations artérioveineuses cérébrales. Une mutation vient d’être identifiée sur le gène GNAQ qui joue un rôle dans la vasculogénèse de l’embryon.

Des mutations de NRAS, BRAF et Tp53 ont été décrites dans certains cas de Nævi congénitaux géants (NCG). Les résultats d’une étude récente suggèrent que des mutations post-zygotiques de NRAS sont responsables des NCG multiples et des anomalies neurologiques associées dans la majorité des cas (4).

Quant au mélanome de l’enfant, il est exceptionnel mais se présente bien souvent sous des aspects cliniques différents de ceux du mélanome de l’adulte, mettant en échec les critères diagnostiques classiques. Son incidence augmente aux États-Unis (2 % par an depuis 40 ans), peut-être en partie en raison de la fréquentation des cabines de bronzage par les adolescents et les préadolescents. Mais d’autres facteurs (environnementaux ou comportementaux) sont probablement en cause. « Il faut y penser devant une lésion atypique, insiste J-L Lacour, afin d’éviter une prise en charge tardive ».

Entretien avec le Pr Jean-Philippe Lacour, hôpital Archet-2, Nice

(1) Marqueling A et al. Propranolol and infantile hemangimas four years later : a systematic review. Pediatr dermatol 2013;30:182-91.

(2) Hermans D et al. Propranolol in a case series of 174 patients with complicated infantile haemangioma : indications, safety and future directions. Br J Dermatol 2013;168:837-43.

(3) Drolet Beth A et al. Initiation and Use of Propranolol for Infantile Hemangioma : Report of aConsensus Conference. Pediatrics 2013;131;128-40.

(4) Kinsler V et al. Multiplecongenital melanocytic nevi and neurocutaneousmelanosisare caused by postzygoticmutations in Codon 61 of NRAS.J Invest Dermatol 2013;133:2229-36.

Dr Brigitte Martin

Source : Bilan spécialistes