AVANT DE S’ÉCROULER, un enfant malade peut continuer à jouer et à s’amuser très longtemps. Pour mesurer la gravité de la situation, le seul moyen, bien connu des urgentistes, est d’évaluer les paramètres vitaux comme signes précurseurs d’une atteinte sévère. L’équipe du Dr Suzanne Fleming à l’université d’Oxford a établi de nouveaux abaques des normes cardiaques et respiratoires en pédiatrie. Ces normes plus récentes pour les deux paramètres de la naissance à l’âge de 18 ans décrivent des courbes significativement différentes des précédentes. La qualité méthodologique du travail britannique plaide pour une fiabilité plus grande des nouveaux outils. D’après une revue de la littérature ayant sélectionné 69 études, les chercheurs ont analysé les données de 143 346 enfants pour la fréquence cardiaque et celles de 3 881 pour la fréquence respiratoire. De plus, l’hétérogénéité des populations étudiées est un garant supplémentaire de représentativité.
Automatisée ou manuelle
L’âge, l’objectif de l’étude, les méthodes de mesure et l’état de veille-sommeil ont été recherchées pour chaque enfant. Les chercheurs ont limité les biais en sélectionnant les données selon les recommandations en cours. En cas de différentes méthodes utilisées pour un même enfant, le choix de la mesure se portait sur celle prise à l’aide de la moins invasive. Pour une analyse par tranche d’âge, les données issues de groupes différents étaient rassemblées, si tant est que la différence d’âge était négligeable, par exemple nouveau-nés de 1 et 2 jours de vie. Les mesures à l’état de veille étaient préférées à celles au cours du sommeil. Un moyennage des mesures était réalisé pour les différentes phases de sommeil. Les très petites différences d’âge n’étaient pas prises en compte, considérant que le bénéfice serait faible par rapport à la perte de précision.
Pour la plupart, les études étaient réalisées en collectivités, foyers, écoles ou jardins d’enfants. D’autres l’étaient en milieu médical ou en laboratoires de recherche. La majorité des mesures étaient effectuées à l’état de veille (32 études). Seules huit études l’ont fait au cours du sommeil. Les 29 autres ne précisaient pas l’état de veille. La fréquence cardiaque était mesurée par un ECG (31 études), par des tensiomètres automatisés (12 études), de façon manuelle (6 études), au cours d’une échographie (4 études) ou encore par oxymètre de pouls (6 études). Quant à la fréquence respiratoire, elle était évaluée le plus souvent manuellement, sinon par mesure automatisée.
Divergences avec l’existant
La fréquence respiratoire diminue de la naissance à la préadolescence. La chute la plus abrupte a lieu chez les nourrissons, passant de 44 respirations/min à la naissance à 26/min à l’âge de 2 ans. Il existe un pic de fréquence cardiaque à 145/min à l’âge de 1 mois alors que le rythme cardiaque est de 127/min à la naissance et passe à 113/min à l’âge de 2 ans. Des différences notables ont été observées avec les abaques existants, en particulier les deux de référence, « l’advanced paediatric life support » et « la pediatric advanced life support ». Pour les enfants de moins de 1 an, la fréquence respiratoire est de 40/min pour l’une « l’advanced paediatric life support », ce qui correspond à la valeur médiane sur l’abaque britannique. Pour les plus de 12 ans, la limite supérieure de 16/min pour la courbe de référence est en-dessous de la valeur médiane observée.
L’équipe d’Oxford souligne que la mesure manuelle de la fréquence cardiaque expose au risque de sous-estimer les valeurs réelles. La mesure automatisée s’avère la solution la plus fiable. De plus, d’autres paramètres influencent la fréquence cardiaque. Les rythmes biologiques sont plus élevés en cas de conditions économiques défavorables, comme par exemple dans les pays en développement. Le sommeil aurait tendance à les ralentir. L’équipe de Suzanne Fleming a permis de redéfinir des valeurs seuils chez l’enfant sain. Cependant, comme le fait remarquer dans un éditorial le Pr Rosalind Smyth, pédiatre à Liverpool, le rôle de certains facteurs reste à préciser, que ce soit chez les enfants sains (agitation, stress) ou au cours de maladies sans gravité (fièvre, douleur), et ce en fonction de l’âge.
The Lancet, publié en ligne le 15 mars 2011. DOI:10.1016/S0140-6736(10)62226-X
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