L’interrogatoire révèle que le père et la grand-mère de l’enfant ont également un prurit récent et sévère. Compte tenu de l’aspect clinique des lésions de la petite fille, la notion de prurit familial conduit à évoquer en premier lieu le diagnostic de gale.
Due à Sarcoptes scabiei, la gale est un acarien dont l’incidence en France n’est pas bien connue, mais semble élevée. La transmission est interhumaine dans 95 % des cas ; plus rarement secondaire au contact avec des vêtements ou la literie.
Caractéristiques cliniques chez l’enfant
Après une période d’incubation de 4 semaines, les manifestations cliniques apparaissent.
La femelle creuse un tunnel dans la couche cornée de la peau et y pond ses œufs.
Cet événement est à l’origine de manifestations caractéristiques mais inconstantes : de fins sillons sinueux dont l’extrémité est papuleuse (centrée parfois par une vésicule) se développent.
Chez l’enfant, les caractéristiques sont parfois différentes de celles de l’adulte :
- présence de nodules scabieux au niveau des organes génitaux externes chez le garçon, au niveau du périnée et des aisselles également ;
- mise en évidence de vésicules perlées au niveau des espaces interdigitaux et de la face antérieure des poignets, mais aussi des plantes des pieds ;
- existence de lésions sur le visage (comme une dermite d’irritation secondaire au prurit) ; caractéristique non retrouvée chez l’adulte ;
- impétiginisation fréquente du fait du grattage incontrôlé favorisé par le prurit féroce. Ce prurit intense favorise les insomnies de l’enfant ainsi que son irritabilité ; il est augmenté par les bains chauds et la tiédeur du lit ;
- développement de formes profuses hyperkératosiques et érythrodermiques, comme chez l’adulte, chez les enfants immunodéprimés.
Éléments de diagnostic
La clinique et l’interrogatoire familial permettent de faire le diagnostic.
Dans notre situation, devant l’incrédulité des parents, nous avons extrait le produit d’une galerie préalablement identifiée grâce à l’encre de chine, grâce à un vaccinostyle et mis en évidence des œufs de l’acarien.
Traitement
Trois traitements scabicides peuvent être utilisés :
- le benzoate de benzyle (Ascabiol) qui nécessite un contact de douze à vingt-quatre heures. Ce produit est contre-indiqué chez des enfants de moins de 2 ans. De plus, il faut être vigilant chez les enfants lors de ce contact prolongé car il risque d’entraîner une irritation cutanée importante et peut avoir une diffusion systémique. Au-dessous de 2 ans, certains auteurs préconisent l’utilisation de ce produit dilué ;
- les pyréthrinoïdes (Spregal) présentent les mêmes caractéristiques d’administration que le benzoate de benzyle. Ils ne doivent pas être utilisés chez les enfants de moins de 2 ans du fait d’un possible bronchospasme ;
- l’ivermectine en prise unique, à raison de 200 µg/kg, est administrée par voie orale. Ce traitement ne peut être administré que chez les enfants de plus de 15 kg.
Le traitement oral est vivement conseillé pour les formes profuses.
Parallèlement il est nécessaire d’effectuer une désinfection des vêtements (si possible par un lavage à 60°, ou en entreposant les habits dans un sac-poubelle hermétique durant 48 heures).
La literie et les effets ne pouvant être désinfectés comme indiqué précédemment seront saupoudrés d’une poudre acaricide comme l’A-PAR en aérosol.
À la suite du traitement, un prurit résiduel peut persister quelque temps ; il est souvent amélioré par l’utilisation d’antihistaminiques.
Dans les cas d’eczématisation, des émollients ou des dermocorticoïdes de classe II, peuvent être prescrits.
Enfin, l’ensemble des membres de la famille atteints doit être traité.
Bibliographie
1. Bonafé J-L, Cambon L, Christol B, Lassère J, Lopez E, Périole B. Dictionnaire de dermatologie pédiatrique. Ed. Maloine 2000.
2. Guide EFICATT. Sarcoptes scabiei agent de la gale. http://www. inrs. fr.
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