"Avant 6 mois, il n'y a généralement pas de troubles du sommeil chez le nourrisson, sauf causes somatiques ou liées à un trouble neurodéveloppemental", indique le Dr Catherine Salinier-Rolland, pédiatre à Gradignan, près de Bordeaux. "L'enfant a juste un rythme veille-sommeil à trouver", précise-t-elle.
Chez le nouveau-né, en effet, la structure très particulière du sommeil suit un rythme neurologique : "dans les premiers mois, le rythme du sommeil est ultradien, avec des cycles d'environ 45 min parfois groupés et des réveils entre les cycles ", ajoute-t-elle. L'enfant met 4 à 6 mois à se caler sur un rythme de 24h, avec des plages de sommeil qui s'étendent progressivement.
Donneurs de temps et distance
Mais le comportement nocturne du nourrisson pendant ses 3 premiers mois peut être à l'origine de troubles du sommeil pouvant durer au-delà de 6 mois. "Pendant cette période, le sommeil du nouveau-né est en grande partie, du sommeil agité : il bouge, grogne, gémit", indique la pédiatre. "Certains parents pensent que l'enfant est réveillé et qu'il a mal ou faim", ajoute-t-elle. Ils vont le prendre dans les bras pour l'apaiser ou le nourrir et, ainsi, le réveiller, ce qui désorganise son rythme de sommeil et engendre des troubles si la situation se répète.
De la même façon, des troubles du sommeil peuvent s'installer avant 6 mois et perdurer lorsque les parents n'ont pas fait "les donneurs de temps" et pris de la distance. Ces donneurs de temps (la lumière et une mère qui parle plus fort en journée ; l'obscurité et des parents moins disponibles le soir ; un horaire et un rituel du coucher, etc.) permettent au nourrisson de s'adapter au rythme jour-nuit et d'avoir, à partir de 6 mois, un rythme plus régulier. Vers 4-6 mois, "il faudrait que les parents, notamment la mère, puissent donner à leur enfant un rythme progressivement plus social en suivant ces donneurs de temps", précise le Dr Salinier-Rolland. Par ailleurs, "à cet âge, l'enfant commence à s'occuper un peu seul. Cette indépendance relative lui permet de s'endormir plus souvent tout seul et de se rendormir entre 2 cycles de sommeil. Quand les parents n'arrivent pas à prendre de la distance, à accepter, par exemple, quelques cris de protestation sans intervenir systématiquement, ils entretiennent, sans le vouloir, le rythme ultradien de l'enfant, qui continuera à se réveiller, et pourra présenter des troubles du sommeil", ajoute la pédiatre.
Perturbations ponctuelles et angoisses
Quand un enfant, qui a bien dormi jusqu'à l'âge de 6 mois, se met, soudainement, à avoir des troubles du sommeil (difficultés d'endormissement, réveils nocturnes, cauchemars, etc.), il faut rechercher une autre cause qu'un défaut de donneurs de temps ou de distanciation des parents. "Ces troubles peuvent être liés soit à des perturbations nouvelles et brutales au sein de la famille (comme un deuil, un parent malade ou souvent absent, des soucis pour les parents), soit à un enfant qui rentre dans une période d'angoisse de séparation ou de difficultés dans son développement (comme il peut y en avoir à 9 mois, à 2 ans, avant l'entrée en maternelle, au CP, etc.)", indique le Dr Salinier-Rolland. Dans ce cas, il faut savoir accompagner l'enfant, "avec beaucoup de bienveillance, c'est-à-dire ne pas laisser un enfant hurler toute la nuit, mais également avec un peu de fermeté, donc en sachant mettre des limites", ajoute la spécialiste. Enfin, "quel que soit l'âge, il faut installer des soirées de bons moments partagés, sans télé allumée en permanence ou musique forte, avec, dans la mesure du possible, un rythme de vie propice à un bon équilibre psychoaffectif", souligne la pédiatre. Qui ajoute : "le sommeil est une séparation pour tout le monde, une séparation plus ou moins bien gérée par les enfants, mais aussi par les parents, en fonction de leur propre anxiété, de leur histoire personnelle ou de leurs soucis".
Le site www.mpedia.fr, de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) peut aider les parents
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