Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont fréquents chez les personnes présentant un diabète de type 1 (DT1), en particulier lorsqu’il est diagnostiqué au moment de l’adolescence ou de la préadolescence, périodes de la vie associées à un risque accru de TCA et d’autres troubles psychiques tels que l’anxiété ou la dépression.
Ils touchent plus souvent les filles et on estime que de 30 à 40 % des jeunes filles avec DT1 présenteraient des comportements pathologiques en lien avec l’alimentation, notamment une « diaboulimie », néologisme désignant les manipulations des doses d’insuline dans un objectif de contrôle du poids.
Gare aux messages trop rigides
« Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer la prévalence élevée de ces troubles », rapporte la Pr Ariane Sultan (CHU de Montpellier). La faible estime de soi et l’insatisfaction corporelle, fréquemment rencontrées dans la plupart des maladies chroniques. La focalisation excessive sur les aliments, notamment les glucides, et sur le poids, qui peut être favorisée par des messages trop rigides de soignants ; elle peut être associée à une privation et une frustration avec une peur de la perte du contrôle alimentaire. Autres facteurs en cause : la peur des hypoglycémies, qui peut engendrer une consommation excessive de sucres pour les éviter ou les corriger, celle de ne pas arriver à gérer le traitement par insuline, et plus largement la peur de l’échec.
Il faut savoir y penser, car les TCA ont un retentissement important sur la morbimortalité associée au DT1. Ils sont en effet associés à une mauvaise adhésion au traitement et à un moins bon équilibre glycémique (HbA1c plus élevée, hypoglycémies sévères plus fréquentes, plus grande variabilité glycémique). Ces troubles exposent à une augmentation du risque d’hospitalisation pour acidocétose, de complications microvasculaires et de décès par suicide.
Des signes d’alerte
Les praticiens peuvent s’aider du questionnaire Scoff-F, qui comporte cinq questions non spécifiques et deux questions subsidiaires visant à dépister spécifiquement les TCA associés au DT1 : « oubliez-vous ou sous-estimez-vous assez souvent les doses d’insuline ? » et « avez-vous une peur panique des hypoglycémies et/ou vous re-sucrez-vous de façon excessive ? »
Il faut parallèlement savoir évoquer la présence de TCA face à un déséquilibre inexpliqué du DT1, par exemple des hypoglycémies répétées ou sévères ou une grande variabilité glycémique. Mais aussi en cas de variation pondérale importante, d’aménorrhée, de refus d’être pesée en consultation, de préoccupation marquée autour de l’apparence, du poids et de l’alimentation, une alimentation sélective, une irrégularité du suivi médical et bien sûr en cas de stigmates de vomissements répétés.
Un diagnostic précoce est essentiel pour permettre une prise en charge multidisciplinaire adaptée. L’insulinothérapie doit être la plus souple possible ; on ne dispose pas encore de données pour apprécier l’impact éventuel des pompes à insuline dans ce contexte.
Entretien avec la Pr Ariane Sultan, service d’endocrinologie-diabétologie-nutrition, CHU de Montpellier
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