Plus de 20 % des nourrissons ont des difficultés modérées à sévères pour s’alimenter, se traduisant soit par un refus du biberon, une alimentation sélective ou restreinte, une peur manifeste à s’alimenter, une diversification difficile, un hyper nauséeux… Le Dr Karine Garcette, gastro-entérologue pédiatrique, souligne les dangers de ces troubles : au-delà d’une cassure de la courbe de poids, ils peuvent à plus long terme être à l’origine d’un retard de développement du langage, avoir un impact orthodontique, voire sur d’autres aspects du développement de l’enfant, et notamment un retentissement psychosocial à ne pas négliger. Un bilan orthophonique est par ailleurs recommandé.
Repérer les facteurs de risque
Une étude observationnelle menée entre 2011 et 2014 par le Pr Jean-Pierre Olives, gastro-entérologue pédiatrique au CHU de Toulouse, met en évidence de façon très significative l’existence de facteurs prédisposants : la survenue d’un événement médical périnatal traumatisant (césarienne, hospitalisation, prématurité, pose de sonde naso-gastrique…), les changements de lait multiples non justifiés et certains comportements parentaux et socioculturels (parents trop rigides, ambiance de repas trop agitée et bruyante…). Le Pr Olives évoque désormais la notion de sujets à risque. Il incite donc les médecins à repérer ces facteurs de risque et à être alors particulièrement vigilants, en surveillant le comportement alimentaire de l’enfant et en conseillant d’emblée les parents : instaurer une ambiance calme au moment des repas, introduire précocement les aliments, laisser l’enfant s’approprier progressivement les différentes textures, y compris par le toucher, varier les goûts et les textures, répéter à différents repas la présentation de l’aliment en cas de refus (jusqu’à huit à dix fois, si nécessaire) pour en faciliter l’acceptation, mais sans jamais forcer ni punir.
Ne pas banaliser les troubles
En cas de signes d’alerte ou de difficultés alimentaires évidentes, il est capital de les prendre en charge rapidement, afin d’éviter qu’ils ne se pérennisent, et d’en suivre l’évolution.
« Ce que mes yeux, mon nez et mes mains n’ont pas apprivoisé, ma bouche n’y touchera pas ! » Véronique Leblanc, psychologue clinicienne (hôpital Robert-Debré, Paris), souligne l’intérêt d’une approche ludique que certaines équipes hospitalières multidisciplinaires mettent en place pour corriger ces problèmes d’oralité. Dans ces centres, la prise en charge repose sur un parcours sensoriel complet : l’enfant participe à de nombreuses activités qui sollicitent successivement tous ses sens, en premier lieu la vue, l’olfaction et le toucher, puis secondairement le goût. Il retrouve ainsi progressivement le plaisir de manger, condition indispensable pour maîtriser et faire disparaître ses troubles.
Un maître mot vis-à-vis de l’enfant : la patience, essentielle pour vaincre progressivement ses craintes ou ses réticences ! V. Leblanc rappelle l’importance de rassurer et déculpabiliser les parents, souvent très inquiets, et de les impliquer positivement auprès de leur enfant afin de créer un climat de confiance entre eux et éviter ainsi un rapport de force !
Dr Carole Morneau
Symposium Blédina – 22e Congrès national de pédiatrie ambulatoire – 19 juin 2015.
La vidéo est disponible sur le site : www.jirp.info/bledina/sympoafpa
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