L’entérocolite nécrosante est une lésion intestinale gravissime qui se rencontre chez 5 à 10 % des bébés de très faible poids de naissance. Sa mortalité atteint 25 % ; dans les cas sévères, la sanction est chirurgicale : résection intestinale d’où un risque de syndrome de l’intestin court avec son cortège de conséquences – nutrition parentérale prolongée, longs séjours hospitaliers, troubles du développement neurologique.
La prématurité est le plus grand facteur de risque du fait d’une immaturité du tractus intestinal, notamment perturbation de la fonction barrière et anomalie de composition du microbiote.
Dans ce contexte, des équipes américaines ont entrepris une étude dans trois cohortes de bébés de très petits poids (moins de 1 500 g) chez qui ils ont prélevé plusieurs échantillons de selles. Sur ces prélèvements, ils ont réalisé des séquençages d’ADN pour identifier avec précision la composition du microbiote. Au total, parmi les 166 enfants des trois cohortes (3 586 échantillons de selles), 46 ont par la suite développé une entérocolite nécrosante.
Une signature
Résultat, chez les enfants de très petits poids, il existe dans le microbiome une signature qui précède l’apparition d’une entérocolite nécrosante, à savoir une relative abondance de Gammaproteobacteriae (exemple : bacilles facultatifs Gram négatif) et une relative rareté des bactéries anaérobies strictes (spécialement les Negativicutes). Ces modifications surviennent chez les bébés de plus de un mois et précèdent l’entérocolite.
« Ces résultats désignent des cibles candidates pour des interventions de prévention de l’entérocolite nécrosante, au moins chez les enfants nés avant 27 semaines de gestation », concluent les auteurs.
Pour l’Italien Alesio Fasano, auteur d’un éditorial associé, ce travail apporte une preuve solide : la structure de la communauté microbienne des échantillons de selles diffère de façon significative entre les enfants qui développeront une entérocolite et les autres.
Il souligne que les probiotiques constituent une intervention prometteuse, peu chère et sûre, pour réduire la perméabilité intestinale, l’inflammation et, en fin de compte, la nécrose intestinale chez les enfants de très petits poids. Il suggère que les interventions de ce type soient personnalisées en fonction de la spécificité du déséquilibre du microbiote identifiée chez les prématurés à risque. Il plaide pour des études contrôlées pour tester cette hypothèse.
Dr Emmanuel de Viel
Warner BB et coll., Fasano A, The Lancet 2016 ; 387 : 1928-36 et 1884-85.
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