L’ingestion ou l’inhalation de corps étrangers (CE) est une cause classique d’accident domestique. Le risque apparaît dès l’âge de la préhension (6 à 9 mois) et la majorité des enfants concernés ont moins de 4 ans.
Les signes cliniques varient en fonction de la nature du corps étranger, de son volume et de sa localisation (voies respiratoires ou alimentaires). Les CE inhalés sont dangereux et peuvent mettre en jeu le pronostic vital de l’enfant.
Les corps étrangers ingérés sont nombreux, fréquents mais mal répertoriés. Les habitudes alimentaires conditionnent certains types de corps étrangers ainsi que l’âge des patients. Dans la plupart des cas, il est possible de faire le diagnostic à l’interrogatoire mais il faut savoir interroger l’entourage ou les témoins car il existe de fréquentes formes inaperçues. Plus de 80 % des corps étrangers ingérés passent spontanément, 10 à 20 % nécessitent des manœuvres endoscopiques d’extraction, et le recours à la chirurgie est nécessaire dans moins de 1 % des cas.
Apport de la radiologie
Certains corps étrangers sont radio-opaques et se voient facilement sur une radiographie simple (radiographie de la face, du cou, du thorax). Il s’agit de pièces, piles, aiguilles, épingles... les cartilages, arêtes, morceaux de plastique, parfois verre ou alliages ne sont pas radio-opaques. Les corps étrangers alimentaires sont le plus souvent radio-transparents et non diagnostiqués sur les radiographies simples. Néanmoins, ils sont peuvent être visibles sur un scanner des voies aériennes. L’interrogatoire de l’entourage, associé à l’examen clinique de l’enfant, complété par des examens radiologiques, est donc fondamental pour le diagnostic de ces corps étrangers.
En cas de suspicion d’inhalation de corps étranger, l’interrogatoire doit rechercher un syndrome de pénétration (accès brutal de suffocation, suivi d’une violente quinte de toux sèche, parfois associée à un épisode d’apnée de brève durée avec cyanose ou rougeur du visage). Il survient classiquement chez un enfant en train de manger (certains aliments comme les cacahuètes sont à risque) et qui ne présentait jusqu’alors aucune symptomatologie. Dans la majorité des cas, tout rentre dans l’ordre rapidement dans les minutes qui suivent. Cette résolution témoigne une fois sur 2, de l’enclavement du corps étranger dans la voie bronchique. Dans les jours et les semaines qui suivent, il va être responsable de difficultés respiratoires, de toux, d’infections broncho-pulmonaires à répétition… mais une fois sur 2 également, la résolution est liée à une expulsion.
Les manœuvres d’expulsion
Il peut se bloquer au niveau du pharynx, larynx ou la trachée et entraîner un tableau d’asphyxie aiguë où l’enfant bloque sa respiration et ne la reprend pas. Il faut alors pratiquer les manœuvres d’expulsion de Mofenson (enfant de moins de 1 an) ou de Heimlich et appeler en urgence le SAMU. L’enfant sera ventilé au masque ou sera intubé, en attendant d’être transféré vers un centre pédiatrique où sera pratiquée une endoscopie des voies aériennes sous anesthésie générale pour visualiser le corps étranger et l’extraire.
Dans les autres situations ou le CE n’est pas asphyxiant mais où il existe une suspicion de syndrome de pénétration, une consultation aux urgences pédiatriques est nécessaire pour examen clinique et radiologique. Dans plusieurs centres pédiatriques, un scanner des voies aériennes est réalisé et qui permet le plus souvent de visualiser le corps étranger. Une endoscopie des voies aériennes sous anesthésie générale sera alors pratiquée lorsque’ il existe des arguments cliniques (interrogatoire et/ou examen clinique) ou radiologiques en faveur de la présence d’un corps étranger au niveau des voies trachéo-bronchiques. Il s’agit d’une anesthésie délicate, à réaliser par une équipe expérimentée en milieu spécialisé d’ORL pédiatrique. Par ailleurs, dans tous les cas où l’enfant reprend sa respiration après un syndrome de pénétration, il ne faut pas réaliser des manœuvres d’expulsions car celles-ci peuvent être, au contraire, dangereuses en mobilisant le corps étranger avec risque d’enclavement au niveau du larynx ou de la trachée et asphyxie aiguë.
Dans le cas particulier d’un corps étranger bloqué dans une narine (certains enfants s’amusent à introduire des corps étrangers au niveau du nez), le diagnostic est plus facile et souvent rapporté par l’entourage. Dans les formes passées inaperçues, une rhinorrhée purulente unilatérale associée à une odeur fétide doivent attirer l’attention et amener l’enfant à consulter un médecin ORL qui procédera à l’extraction du corps étranger le plus souvent en consultation.
S’il s’agit d’un corps étranger ingéré bloqué au niveau de l’œsophage, les symptômes sont surtout digestifs avec une difficulté pour avaler parfois même la salive. La prise en charge consiste à réaliser une endoscopie de l’œsophage sous anesthésie générale avec extraction dans le même temps du CE.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?