Du pus
L’examen confirme l’existence de pus au niveau du méat auditif, que l’on nettoie « à peu près » avec des porte-coton. L’examen à l’otoscope (figure 1) permet de découvrir un tube bleu enchâssé dans un pus crème qui n’a pas d’odeur particulière, sur un fond rosé. La mère signale alors que Benjamin a eu une pose d’aérateurs transtympaniques 6 mois plus tôt pour une otite séreuse dépistée sur un retard de parole. Il s’agit donc d’une otorrhée sur aérateur transtympanique.
De quoi s’agit-il ?
Ces otorrhées sont un équivalent d’otite externe. En effet, les germes que l’on y retrouve, au prélèvement bactériologique, sont des germes présents dans le conduit auditif externe : essentiellement Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa. Mais la présence du corps étranger inerte (l’aérateur) risque de pérenniser l’infection. Le traitement a donc pour but de traiter l’infection, mais aussi de débarrasser, autant que possible, l’aérateur des bactéries qui s’y accrochent (sous forme de biofilm). Dans ce but, le traitement antibiotique local doit permettre d’obtenir de fortes concentrations d’antibiotiques au contact de l’aérateur. En première intention, le choix doit se porter sur un antibiotique dépourvu d’ototoxicité sur oreille ouverte et actif sur S. Aureus et P. aeruginosa. L’antibiotique préconisé dans cette indication tant par la Société française d’ORL (2001) que par l’AFSSAPS (antibiothérapie locale en ORL, juillet 2004) est l’ofloxacine (Oflocet). Les gouttes doivent être instillées matin et soir dans l’oreille qui coule, après nettoyage de celle-ci au porte-coton, en faisant un mouvement de piston sur le tragus pour que le produit atteigne le fond et n’en reste pas séparé par une bulle d’air. L’otorrhée cesse habituellement en trois à cinq jours et le traitement local peut alors être arrêté.
Peut-il aller à la piscine ?
Les bains en piscine comme en mer sont contre-indiqués tant que l’oreille coule. Lors de la douche ou des shampoings, l’oreille doit être protégée avec un verre en plastique, par exemple, de façon à ce que l’eau n’y pénètre pas.
À distance, l’autorisation ou non des bains en piscine ou de mer dépend du type d’aérateur. Avec les aérateurs courts comme les drains de Shépard (blanc sur la figure 2, mais ils peuvent être bleus ou verts, ce qui compte c’est la longueur de la partie visible qui dépasse du tympan dans le conduit) les bains sont déconseillés ou doivent être faits avec un obturateur d’oreille (qui cependant ne garantit par une étanchéité à 100 %). Avec les aérateurs longs type T-tube, comme sur la figure 1, les bains et la nage en surface sont autorisés car la bulle d’air présente dans le fût de l’aérateur s’oppose à la pénétration d’eau dans l’oreille moyenne à partir du conduit auditif externe, tout au moins tant que la pression de l’eau n’est pas trop importante, inférieure à 10-20 cm d’H2O. Benjamin pourra donc apprendre à nager à la rentrée.
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