Parce qu’il est mieux accepté par les enfants et les adolescents, le vaccin grippal nasal, trivalent, vivant atténué Fluenz (AstraZeneca) est très attendu. Mais un avis de la Commission de transparence (CT) de la Haute Autorité de santé (HAS), diffusé le 7 avril, éloignerait la perspective de son intégration dans la stratégie vaccinale et suscite l’incompréhension.
Dans un communiqué commun, 20 sociétés pédiatriques et 91 associations de patients expriment leur « vive préoccupation ». La HAS recommande, dans son avis de décembre 2024 et même depuis février 2023, une utilisation préférentielle de la forme nasale du vaccin grippal pour les enfants à partir de deux ans. La CT a également rendu un avis favorable au remboursement de cette prévention chez les enfants et adolescents avec et sans comorbidités âgés de deux à 17 ans. Mais elle considère en parallèle que ce vaccin « n’apporte pas d’amélioration du service médical rendu par rapport aux autres vaccins recommandés ».
« C’est incompréhensible », s’agace auprès du Quotidien le Dr Andreas Werner, président de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa). « D’un côté, la HAS recommande le recours au vaccin nasal, de l’autre, la CT assure qu’il n’apporte rien de plus ». Cet avis « nous privera d’un vaccin facile d’utilisation une année de plus », déplore-t-il.
« Vacciner sans piquer est une avancée thérapeutique »
Le pédiatre a lui-même expérimenté le vaccin nasal lors de la campagne de vaccination de la saison hivernale de 2020-2021. Si le vaccin nasal n’était pas commercialisé, environ 100 000 doses destinées à un usage pédiatrique avaient alors été sorties des stocks d’État et mis à disposition des professionnels. « J’ai ainsi vacciné une centaine d’enfants avec la forme nasale. L’acceptabilité est bien meilleure. Peu importe l’âge, l’absence d’aiguille facilite les choses », témoigne le Dr Werner.
Selon lui, le vaccin nasal est un levier essentiel pour améliorer la couverture vaccinale des plus jeunes. « Vacciner sans piquer est une avancée thérapeutique, un progrès qu’il faut reconnaître comme tel », juge-t-il, alors que « d’autres études sont en cours sur des vaccins non injectables ».
Praticiens et patients demandent ainsi qu’une amélioration « mineure » du service médical rendu « soit reconnue et prise en compte (…) dans les étapes ultérieures pour assurer la mise à disposition du vaccin nasal trivalent malgré cet avis de la CT ». L’avis de la CT de 2023, où une ASMR V avait été rendue pour le vaccin nasal, n’avait pas débouché sur une mise à disposition du vaccin sur le marché français, « contrairement à beaucoup de nos voisins européens ». « Ceci a été préjudiciable, vu la sévérité de l’épidémie grippale sur la saison 2024-2025 », est-il rappelé.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024