L'administration précoce de l'oxygénothérapie à haut débit sur des patients souffrant de Covid-19 et développant une insuffisance respiratoire aiguë pourrait éviter le recours à l'intubation dans un tiers des cas, met en évidence un travail réalisé par l’équipe du Pr Jean-Damien Ricard de l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP, Université de Paris, Inserm) et publié cet été dans la revue « Intensive Care Medicine ».
Si l'oxygénothérapie à haut débit est aujourd'hui très largement utilisée en première intention chez les patients présentant une insuffisance respiratoire aiguë hypoxémique, le recours à la ventilation mécanique invasive a plutôt été la règle au début de l'épidémie de coronavirus pour une majorité des malades graves.
L'étude rétrospective porte sur une soixantaine de patients admis en soins intensifs présentant une insuffisance cardiaque et une infection au Covid entre le 8 mars et le 16 avril. Leur âge médian est de 55 ans. Quelque 34 % d'entre eux (21) ont répondu positivement à l'oxygénothérapie à haut débit et ont pu sortir des soins intensifs ; 63 % (34) ont eu recours à la ventilation mécanique invasive ; deux (3 %) sont décédés sous oxygénothérapie. La mortalité en soins intensifs était de 17 %, rappellent les auteurs.
« Ce travail est important parce qu’il montre qu’on peut utiliser l’oxygénothérapie à haut débit chez les patients les plus graves présentant une pneumonie à Covid-19 sans avoir à recourir systématiquement à l’intubation », commente le Pr Jean-Damien Ricard.
Prédire la nécessité d'une intubation grâce à l'indice ROX
Autre apport de l'étude, elle montre qu'il est possible d'utiliser l'indice ROX, qui combine les paramètres respiratoires d'un patient et la quantité d'oxygène qu'il reçoit, pour prédire la nécessité d'un recours à l'intubation dans les formes les plus graves de pneumonie à Covid-19.
Selon cette étude, un score ROX < 5, 37 dans les 4 premières heures de mise en route de l’oxygénothérapie était prédictif du besoin ultérieur d’une intubation.
« Ce travail confirme l’intérêt de l’indice ROX (publié l’an passé avec un collègue espagnol, le Dr Oriol Roca) dans une population de patients très différente de celle qui a permis initialement de le décrire, ce qui renforce la validité externe de cet outil d’aide à la décision », fait valoir le Pr Jean-Damien Ricard.
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