Il est bien établi que la nébulisation, et plus largement l’aérosolthérapie, peut disséminer des particules dans l’atmosphère, comme en atteste le nuage qui se forme autour du patient lors de leur utilisation. Cette dissémination se fait dans tous les plans, vertical et horizontal.
Ce problème, connu depuis longtemps se pose avec encore plus d’acuité à l’heure de l’épidémie d’infections Covid-19. « Dès le début de l’épidémie en Europe, nous avons eu confirmation que le SARS-Cov-2 peut rester en suspension dans l’air pendant une durée pouvant aller jusqu’à trois heures, explique Gregory Reychler, kinésithérapeute aux Cliniques universitaires St-Luc à Bruxelles. On sait que les particules disséminées lors des séances de nébulisations, mais aussi d’oxygénation à haut débit ou de ventilation non invasive, peuvent être retrouvées jusqu’à une distance de plus d’un mètre, ce qui pose un problème majeur actuellement et a conduit à modifier les habitudes. »
Ainsi, les nébulisations sont réduites au profit du recours aux aérosols doseurs chez les patients ayant une infection Covid-19. En cas de nécessité absolue de la nébulisation, un filtre est ajouté sur la fuite expiratoire.
Surtout chez les patients à risque
À côté du problème de la dissémination de particules, se pose celui de la contamination du matériel. Cette question n’est pas nouvelle, la littérature est assez riche dans ce domaine. « En pratique, le matériel est d’autant plus à risque de contamination que le patient est infecté », rappelle Gregory Reychler. Les nombreuses études réalisées en vraie vie chez les patients ayant une mucoviscidose ont montré que le matériel pouvait être contaminé par des germes commensaux, mais également par des germes spécifiques à la mucoviscidose. Le nébuliseur devient alors une source de contamination. De façon plus surprenante, trois études ont aussi montré une contamination du matériel de nébulisation utilisé par des personnes asthmatiques, dont une relevant du Pseudomonas aeruginosa dans 25 % des cas. « Un constat qui prête à réflexion puisqu’il témoigne d’un mauvais entretien des appareils, note Gregory Reychler. Dans le cadre de la mucoviscidose, les patients sont très attentifs à ce problème, ils bénéficient de conseils pour l’entretien de leur matériel via les programmes d’éducation thérapeutique des CRCM et, même si les résultats sont imparfaits, le risque est connu et à peu près maitrisé. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pathologies, où les patients sont rarement informés de la nécessité d’entretien de leur matériel, qu’il s’agisse des nébuliseurs ou des aérosols pressurisés ou en poudre. » Certes, contrairement à la mucoviscidose, il n’y a aujourd’hui par de preuve de contamination via le matériel chez d’autres patients. Mais de 50 à 60 % du matériel serait contaminé, dont 40 % des aérosols pressurisés par du staphylocoque doré et 10 % des chambres d’inhalation.
Des conseils simples
Que préconiser en pratique ? Il n’y a pas une approche unique, et il faut faire appel au bon sens.
Dans les populations où le risque infectieux est faible, comme dans l’asthme ou la bronchiolite, les chambres d’inhalation doivent être lavées à l’eau tiède savonneuse, puis laissées à sécher à l’air libre pour éviter les manipulations et réduire la charge électrostatique. Le rinçage à l’eau courante du matériel de nébulisation à chaque utilisation, et une fois par jour à l’eau savonneuse réduit déjà nettement le risque de contamination.
Dans les situations plus à risque, mucoviscidose notamment, la désinfection du matériel doit être réalisée soit à chaud avec un stérilisateur si le matériel le supporte, soit à froid avec une solution du commerce. Les sociétés savantes recommandent par exemple, après lavage, un trempage de 20 mn dans de l’eau chlorée (une cuillère à café d’eau de Javel par litre d’eau) suivie d’un rinçage.
Cela peut aussi être conseillé à la fin d’un épisode de bronchiolite si le matériel est réutilisable.
Pour le Sars-Cov-2, il n’y a pour l’instant pas de données sur une contamination du matériel, mais le risque pour le personnel soignant par dissémination est avéré.
Entretien avec le Pr Gregory Reychler, Cliniques universitaires St-Luc, Bruxelles et membre du Groupe Aérosolthérapie (GAT) de la SPLF.
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