EN2006,l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lançait la stratégie Halte à la tuberculose afin de réduire la morbidité mesurée par l’incidence, la prévalence et la mortalité liée à la maladie, conformément aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) fixés pour 2015. Afin de mettre en œuvre cette stratégie, un plan mondial 2006-2015 a été élaboré par le Partenariat Halte à la tuberculose* et lancé lors du Forum économique de Davos enjanvier 2006.
En complément des Objectifs du millénaire (objectif 6 pour la tuberculose), le partenariat s’était également donné une cible chiffrée : diminuer de moitié les taux de prévalence et de mortalité dans la perspective d’une élimination de la tuberculose d’ici à 2050. Six axes principaux avaient été fixés : extension et le renforcement de la stratégie DOTS, prise en charge de la co-infection tuberculose/VIH et de la tuberculose multirésistante, renforcement des systèmes de santé, implication de tous les soignants, sensibilisation communautaire et participation des malades, promotion de la recherche.
Un plan resserré.
À mi-parcours, le Partenariat réactualise le plan de 2006, afin notamment de tenir compte des évolutions épidémiologiques, des progrès déjà réalisés et des changements intervenus, en particulier quant à la prise en charge des co-infections tuberculose/VIH et de des multirésistances. Depuis 2009, de nouvelles recommandations ont été édictées, selon lesquelles tous les patients atteints d’une co-infection tuberculose/VIH doivent bénéficier d’un traitement antirétroviral, alors qu’en 2006, on estimait que la moitié d’entre eux répondait aux critères d’admission à un traitement. De même, de nouvelles mesures ont été prises, en 2007 et 2009, pour faire face à la tuberculose multirésistante.
La nouvelle version 2011-2015 se présente comme un nouveau plan, plus resserré que le précédent. L’accent est mis sur la stratégie DOTS : 6,9 millions (versus 5,7 millions en 2008-2009) de personnes par an devront être diagnostiqués, notifiées et traitées conformément à l’approche DOTS avec un taux de réussite de 90 % (au lieu de 86 %) soit au total 32 millions de personnes traitées dont 28 millions avec succès. Concernant la tuberculose multirésistante, elle devra être recherchée chez 100 % des personnes déjà traitées (au lieu de 5 %) alors que 20 % des nouveaux diagnostics de tuberculose devront faire l’objet d’une recherche de multirésistance (contre 2 % actuellement). Le dépistage de la tuberculose multirésistante devrait concerner 7 millions de personnes sur cinq ans, dont 1 million de cas confirmés diagnostiqués et traités selon les standards internationaux. De même, tous les patients atteints de tuberculose devront être testés pour le VIH (seulement 22 % le sont) et, inversement, tous les patients VIH se rendant dans les services de soins de soins liés au VIH devront bénéficier d’un dépistage de la tuberculose (25 % actuellement). Le nouveau plan insiste sur le renforcement des laboratoires et sur la composante recherche fondamentale et opérationnelle. Des objectifs chiffrés ont été fixés afin d’accroître les progrès déjà réalisés depuis 2006. De nouveaux tests, meilleurs et plus rapides, pour le diagnostic de la tuberculose mais aussi la détection des résistances sont en effet aujourd’hui disponibles alors que la recherche thérapeutique progresse avec des médicaments reconvertis comme les fluoroquinolones de troisième génération en essais de phase III pour tester leur efficacité dans un schéma thérapeutique plus court (4 mois au lieu de 6 pour la tuberculose sensible). Deux nouveaux médicaments sont testés (phase II) dans le traitement de la tuberculose multirésistante et 9 candidats vaccins sont actuellement en phase de développement (5 candidats en phase I et 4 en phase II). Les experts estiment que 4 candidats vaccins devraient atteindre la phase III en 2015.
Seize milliards de plus.
Pour ce dernier plan quinquennal, 47 milliards (34 milliards d’euros) seront nécessaires dont 10 milliards (7 milliards d’euros) pour la recherche et le développement, soit 16 milliards de plus que les projections de 2006. Les financements pour la recherche sont destinés aux universités, aux instituts de recherche, aux partenariats public-privé engagés dans la mise au point de nouveaux médicaments, de nouveaux produits diagnostics ou de vaccins, les institutions internationales mais aussi aux ONG qui participent à la recherche appliquée et opérationnelle. Le partenariat espère que l’investissement de 10 milliards de dollars nécessaire à la recherche « sera en grande partie le fait des pays les plus développés » mais table aussi sur l’apport des pays à revenu intermédiaire comme l’Afrique du sud, qui « ont déjà fait la preuve de leur capacité à innover ». La mise en œuvre du plan devrait permettre de sauver 5 millions de vies dont plus de 2 millions de femmes et d’enfants. Il y a urgence : « Si aucune amélioration n’est apportée à la lutte contre la tuberculose à partir de 2010, alors près de 10 millions de personnes mourront. »
* Représentant plus de 500 organisations internationales dont l’OMS, pays, donateurs des secteurs public et privé et organisations gouvernementales et non gouvernementales
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