L’interprétation des explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) pour le diagnostic de pathologies comme l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive se fait à partir de limites normatives. « Or, dans de nombreux centres français, l’interprétation des EFR se base sur des valeurs de références qui sont obsolètes, rapporte le Pr Laurent Plantier (Tours). Les équations de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (Ceca), parmi les plus utilisées dans notre pays, datent des années 1970 et ne décrivent pas la population actuelle. » Elles sous-estiment en effet les volumes pulmonaires de la population française contemporaine, ce qui peut conduire à considérer comme normales des valeurs pourtant anormalement basses, et donc à des décisions médicales erronées.
Il est donc nécessaire d’utiliser des valeurs de référence actualisées, ce qui est le cas de celles établies par un groupe d’experts de l’European respiratory society, le Global lung initiative (GLI), en 2012 pour la spirométrie et en 2017 pour la conductance du monoxyde de carbone (DLCO) [1,2]. Ces nouvelles normes sont fondées sur des mesures recueillies dans de très nombreux pays du monde, ce qui leur permet notamment de tenir compte des variations ethniques, qui sont importantes dans ce contexte. Le modèle mathématique utilisé, plus sophistiqué que le modèle linéaire simple utilisé pour les normes antérieures, autorise un calcul plus précis de la valeur prédite en fonction de l’âge. « La supériorité des équations GLI-2012 sur celles du Ceca a été démontrée en France dans un travail mené par de l’équipe de Lille », rappelle le Pr Plantier (3).
Pas de jeu homogène de valeurs
Comment expliquer alors les freins à l’utilisation de ces nouvelles équations ? « L’un des principaux freins en France tiendrait à l’absence d’homogénéité des nomes pour tous les paramètres respiratoires », explique le Pr Plantier. Il n’y a en effet pas encore de normes GLI pour la pléthysmographie, examen plus utilisé en France que dans d’autres pays qui ont adopté plus rapidement les équations GLI.
Deuxième frein : l’absence de disponibilité de ces nouvelles normes sur tous les appareillages. « Il faudrait que les fournisseurs les diffusent sur les appareils à venir et proposent des mises à jour des logiciels pour les appareils existants. L’expérience montre que les centres qui sont passés aux valeurs GLI n’ont rencontré aucune réticence de la part des cliniciens », souligne le Pr Laurent Plantier.
Entretien avec le Pr Laurent Plantier, CHRU Bretonneau, Tours (1) Quanjer PH et al. European Respiratory Journal 2012(40):1324-43 (2) Stanojevic S et al. Eur Respir J. 2017 Sep 11;50(3). pii: 1700010 (3) Hulo S et al. European Respiratory Journal 2016;48:1779-81
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