Chez le bébé de moins de 6 semaines

La bronchiolite, une urgence respiratoire

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Publié le 23/02/2017
bronchiolite

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Crédit photo : PHANIE

« Si jusqu'à il y a peu, l'on évoquait une bronchiolite pour des enfants de moins de 3 ans souffrant de difficultés respiratoires dans un contexte épidémique, ce sont probablement les moins de un an qui sont davantage concernés », indique en préambule le Pr Ralph Epaud, pneumopédiatre au Centre Intercommunal de Créteil.

Les conséquences d'une infection par le VRS sont en effet différentes selon l'âge. Avant un an, prédominent les atteintes bronchiolaires et alvéolaires, puis, au fil des mois, davantage les signes ORL, un profil plus semblable à celui de l'adulte. Avant un an, la bronchiolite se présente d'abord comme une rhinite dans une bonne moitié des cas, assortie d'un fébricule pendant 24 à 48 heures, avant de se résoudre spontanément. Pour l'autre moitié des enfants, une gêne respiratoire apparaît au décours, parfois très rapidement.

Elle est souvent difficile à repérer, en particulier pour les nouveau-nés (de moins de 6 semaines). « Des petites pauses respiratoires, des tétées écourtées ou des biberons bus à moins de la moitié (sur plusieurs repas) sont des indicateurs de gravité, à transmettre d'ailleurs aux parents », prévient le Pr Epaud. Les enfants de moins de 6 semaines et, quel que soit leur âge, les anciens prématurés (nés à moins de 35 semaines d'aménorrhée) et/ou les « dysplasiques pulmonaires » doivent être rapidement dirigés vers les urgences, faute de savoir prédire l'évolution de la bronchiolite. Chez les tout-petits (moins de 6 semaines), ce sont les crépitants, témoins de l'atteinte alvéolaire, qui prédominent à l'auscultation ; plus grands, des sibilants et des ronchi reflètent l'encombrement et la fermeture des bronchioles.

Désinfection rhinopharyngée

Le traitement ? La désinfection rhinopharyngée (DRP) exclusivement, avec du sérum physiologique, 3 à 4 fois par jour. La chambre doit être aérée, à 19-20° ; le tabagisme passif prohibé (dans les lieux de vie et par les vêtements). Le fractionnement des repas est conseillé, moins grandes quantités alors proposées plus fréquemment, et ce, pour deux raisons. Un, les enfants régurgitent plus volontiers, ce qui provoque des micro-inhalations susceptibles d'irriter les muqueuses respiratoires. Deux, l'effort demandé par cette respiration laborieuse consomme beaucoup d'énergie et nécessite des apports conservés. Aucun examen complémentaire n'est indiqué, aucun antibiotique non plus (sauf en cas de réapparition de la fièvre, en plateau, due à une otite ou une surinfection bronchique, ce qui est rare). Si les bronchodilatateurs n'ont pas montré d'efficacité statistiquement significative, ils peuvent parfois améliorer un spasme bronchique important. Inutiles encore, les corticoïdes inhalés ou per os ou les nébulisats de sérum hypertonique. Enfin, contre-productifs, les antitussifs : la toux doit être respectée. Lorsque l'enfant est très encombré, il peut vomir des glaires, ce qui est sa façon de cracher et ne doit pas inquiéter si l'alimentation est maintenue.

Dr Brigitte Blond

Source : Le Quotidien du médecin: 9558