PARTOUT dans le monde, le phénomène a été constaté lors de la pandémie grippale cet hiver : la grossesse augmente le risque de développer une forme grave de grippe A(H1N1)v. Des réanimateurs d’Australie et de Nouvelle-Zélande viennent de publier les chiffres relevés dans le réseau de surveillance ANZIC (Australian and New Zealand Intensive Care). Le risque d’être hospitalisée en réanimation serait ainsi multiplié par plus de 7 quel que soit le terme, et par 13 au 2e trimestre dès 20 semaines de grossesse. Au total, 11 % des mères admises en soins intensifs et 12 % des bébés sont décédés.
Entre le 1er juin et le 31 août 2009, soixante-quatre femmes enceintes ou en post-partum ont été admises en réanimation pour grippe A(H1N1)v confirmée. Lors de l’admission dans le service, 22 étaient en post-partum, dont deux ont perdu le bébé in utero. Deux tiers des femmes (69 %) ont reçu une ventilation mécanique, dont 9 ont nécessité le recours à la technique d’oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO). Quatorze (22 %) ont accouché en soins intensifs. Sur les 26 (41 %) rentrées à domicile avec grossesse évolutive, toutes ont accouché normalement par la suite. Dans le réseau ANZIC, 7 femmes sont décédées et sur les 60 naissances après 20 semaines de grossesse, il y a eu 4 décès in utero et 3 en période néonatale. Quant aux naissances vivantes, vingt-deux bébés (39 %) étaient prématurés et 32 (57 %) admis en réanimation néonatale.
Comme constaté précédemment, d’autres facteurs de risque tels que l’obésité et l’asthme aggravent le pronostic des femmes enceintes. Plus de la moitié des femmes présentaient ainsi une pathologie sous-jacente, dont 21 % un asthme. Tandis qu’il est recommandé de débuter le traitement antiviral moins de 48 heures après la survenue de symptômes, l’intervalle était plus long chez ces femmes, 6 jours en médiane. Sans qu’il y ait de réponse formelle à la question pour le moment, il est possible qu’un traitement plus précoce puisse influer sur la sévérité de la maladie. Quoi qu’il en soit, il est certain en revanche qu’une prise en charge intensive de l’hypoxie maternelle, par ventilation ECMO et césarienne, améliore le pronostic de la mère et de l’enfant.
BMJ 2010; 340:c1279.
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