Évaluations et réentraînements à l'effort en marchant sur tapis ou en poussant sur les pédales d’un vélo d’appartement, le tout avec ou sans assistance d’oxygène… Voilà, entre deux repos, le quotidien des patients du centre de soins de suite et de réadaptation (SSR) en pneumologie « Les trois Tours » à La Destrousse (Bouches-du-Rhône) près d'Aubagne.
En temps ordinaire, cette clinique accueille des patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) mais aussi des patients trachéotomisés ou d’autres adressés à la suite d'une chirurgie ORL. Cette année, cet établissement du groupe Korian, l’un des plus grands services SSR pneumologie de France avec une capacité de 215 places en hospitalisation complète et 150 en hospitalisation de jour, a déjà accueilli plus de 300 patients sortis des services de réanimation ou de soins intensifs à la suite d'une infection Covid-19.
« Nous avons aménagé 105 places dédiées sur tout un étage. Nos patients sont âgés de 25 à 98 ans, avec une durée moyenne de séjour de 29 jours », explique Patrick Colombié, directeur du centre de SSR « Les trois Tours ». Ici, cinq pneumologues salariés, une infectiologue et plusieurs médecins généralistes, cardiologues et de médecine physique et de réadaptation (MPR) se relaient auprès des patients en fonction de leurs besoins.
Parcours de soins
Parmi ces patients, on retrouve Abderrahmane T., sexagénaire en surpoids à qui l’on vient de retirer l’assistance respiratoire non invasive qui l’accompagnait depuis plus d’un mois. « Ça va beaucoup mieux, mais… je repartirai quand même vendredi avec çà », lance-t-il avec le menton en direction d’un appareil à pression positive continue (PPC) pour traiter l’apnée du sommeil.
L'infection Covid a-t-elle engendré cette pathologie ou bien la prise en charge spécialisée a-t-elle détecté un trouble antérieur ? « C’est difficile à dire car chaque cas est particulier, cependant, il est possible que le Covid révèle une pathologie telle que la BPCO sur un terrain déjà favorable ; ou bien qu’il faille apporter de nouveaux réglages à une PPC, notamment parce que le patient a pris du poids », analyse la Dr Mauricette Soulet, pneumologue depuis 20 ans dans un établissement qui vient de lancer, via Skype, un programme d’hospitalisation de jour à distance appelé « e-hdj ». « Nous travaillons réellement sur la notion de parcours de soins avec la médecine de ville. Et j’y veille ! », sourit le Dr Angelo Villella, généraliste au sein de la clinique et par ailleurs installé en cabinet à quelques centaines de mètres de là.
Des patients sortis trop tôt de l'hôpital
Globalement, la prise en charge des 300 patients post-Covid s’est bien déroulée : seuls 10 patients âgés suivis au centre de SSR sont décédés dans la clinique. Mais certains patients sont parfois trop rapidement adressés à l’établissement. « Il arrive qu’on ait affaire à des patients qui relèvent de la médecine. Certains hôpitaux nous disent qu'un patient ne nécessite plus d’oxygène et le lendemain on doit le leur réadresser car il s’est dégradé. Ça m’est encore arrivé hier », déplore la Dr Estelle Honnorat, infectiologue du SSR exerçant par ailleurs à l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille.
Selon les statistiques tenues par la clinique, les réhospitalisations concernent 6 % des patients post-Covid qu’elle a accueillis depuis le printemps. Les autres sont rentrés chez eux tantôt sans équipement, tantôt avec une ventilation non-invasive qu’ils garderont au minimum trois mois. « Nous avons dû en prolonger l'usage pour certains patients », détaille la Dr Soulet qui précise qu’elle ne dispose pas d’assez de recul pour savoir s’ils devront garder définitivement l'assistance respiratoire.
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