On savait déjà que la mortalité par cancer pulmonaire avait reculé ces dernières années aux États-Unis. Néanmoins, sans information sur les sous types — à petites cellules (CPPC)/non à petites cellules (CPNPC) — ni sur la survie, il était difficile de distinguer la part liée à la réduction du tabagisme (donc de l’incidence) de celle liée à l’amélioration de la prise en charge. C’est l’objet de ce travail (1). Ses résultats montrent que si la mortalité par cancer pulmonaire a globalement décru, en fait elle a peu évolué pour les CPPC tandis qu’elle a vraiment reculé pour les CPNPC. Ce recul ne semble pas uniquement dû à celui de l’incidence mais aussi à une amélioration de la survie, qui est à mettre en parallèle avec l’introduction des thérapies ciblées (anti-ALK et EGFR) et une prise en charge peut être aussi plus précoce.
Des données issues de 18 États couvrant près de 30 % de la population américaine
Les cas recrutés, atteints d’un cancer bronchique ou pulmonaire invasif, sont issus de 18 registres « Surveillance, Épidémiologie et résultats finaux (SEER) », couvrant 28 % de la population américaine. Ces registres permettant de calculer la mortalité par cancer en lien avec les cas et ainsi d’évaluer une mortalité basée sur l’incidence (mortality incidence based [MIB]) en population dans les divers sous types de cancers, CPNPC et CPPC.
L’analyse part de l’année 2001, époque à laquelle les sous-types sont faiblement précisés. Et les causes de décès proviennent des certificats du centre national de statistique en santé (les autopsies sont exclues). Par conséquent, « la mortalité estimée sur ces bases est un peu plus basse que celle habituellement estimée par le centre national de statistique en santé. La stratégie de MIB a en effet permis de passer outre les indexations incorrectes des décès dus aux nombreuses métastases pulmonaires dans des cancers primitivement non pulmonaires qui viennent majorer la mortalité réellement liée aux cancers proprement pulmonaires », expliquent les auteurs.
Net recul de la mortalité pour les CPNPC et amélioration de la survie
Ce travail met en évidence un recul de la mortalité plus important que celui de l’incidence dans les CPNPC. Une avancée à mettre en rapport avec l’amélioration de la survie.
Pour les CPNPC, chez les hommes, la mortalité basée sur l’incidence (MIB) a décru globalement de 6,3 %/an entre 2013 et 2016 quand l’incidence ne reculait que de 3,1 %/an entre 2008 et 2016.
Plus précisément, l’incidence a décru de 1,9 %/an entre 2001 et 2008 puis de 3,1 %/an entre 2008 et 2016. Et la MIB a reculé de 3,2 %/an entre 2006 et 2013 puis, de manière plus marquée, de 6,3 %/ an entre 2013 et 2016. Entre 2001 et 2014, la survie à deux ans passait de 26 % à 35 %. « Ces progrès retrouvés dans toutes les races et ethnies sont certainement à mettre en rapport avec l’introduction des thérapies ciblées anti-ALK et anti-EGFR, agréées dès 2012 » par la Food and Drug Administration (FDA), selon les auteurs. En effet malgré les recommandations de dépistage, celui-ci a peu été mis en œuvre.
Durant la même période, chez les femmes, l’incidence est restée stable entre 2001 et 2006 avant de commencer à décroître de 1,5 %/an entre 2006 et 2016 quand la mortalité a reculé d’abord lentement de 2,3 %/an entre 2006 et 2014 puis plus rapidement de 5,9 %/an entre 2014 et 2016.
Plateau pour les CPCP où la réduction de la mortalité n’est liée qu’à l’incidence
Par contraste, le recul de la mortalité pour les CPCP, moindre, est quasi entièrement porté par le recul de l’incidence. Rien de surprenant vu l’absence de progrès thérapeutique majeur dans ces tumeurs.
(1) N Howlader et al. The Effect of Advances in Lung-Cancer Treatment on Population Mortality. NEJM 2020;383:640-649
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