L'impact de la pollution de l'air sur le risque d'infarctus du myocarde (IDM) est aujourd'hui bien documenté. « L'IDM est un événement qui peut être daté, ce qui facilite les travaux de recherche, indique le Pr Jean Ferrières. De nombreuses études publiées depuis le début des années 2000 ont ainsi souligné les effets délétères de la pollution atmosphérique à court, mais aussi à long terme. Ce lien a été mis en évidence dans de nombreuses régions du monde exposées à la pollution ».
Hausse du risque d'infarctus avec l'ozone
Les travaux menés à Toulouse à partir du registre des IDM ont permis de montrer que l'exposition « aiguë » à l'ozone est associée, chez des sujets sains d'âge moyen, à une augmentation du risque d'IDM le jour même du pic ou un à deux jours après (1). «Le pic de pollution entraîne une augmentation de la fréquence cardiaque et a ainsi un effet adrénergique en aigu, souligne le Pr Ferrières (2). L'absence d'association entre le pic d'ozone et le risque d'IDM chez les personnes qui avaient des antécédents coronariens peut être expliquée par l'effet protecteur de leur traitement ».
Mais la pollution de l'air au long cours est aussi associée à une augmentation du risque d'IDM. Le mécanisme physiopathologique est celui de l'athérosclérose. Lors de la pénétration au niveau pulmonaire des particules, les poumons jouent bien leur rôle de filtre. Mais les macrophages alvéolaires libèrent des médiateurs de l'inflammation ce qui favorise l'athérosclérose.
Les bénéfices de l'activité physique diminués
« En pratique, que faut-il conseiller à nos patients, chez lesquels nous faisons en général la promotion de l'exercice physique et notamment de la marche ? », interroge le Pr Ferrières. Une équipe anglaise a comparé l'impact pulmonaire et cardiovasculaire d'une marche de deux heures dans deux quartiers de Londres : l'un pollué (Oxford Street), l'autre moins (Hyde Park) [3]. Les auteurs ont mesuré différents paramètres respiratoires et cardiovasculaires chez 40 sujets sains, 39 coronariens stables et 40 patients souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive. Les résultats sont très nets : après la marche dans Hyde Park, et jusqu'à 26 heures après, une amélioration des paramètres respiratoires (capacité vitale forcée et FEV1) et une baisse de la vitesse de l'onde de pouls ont été observées dans les trois groupes. À l’inverse, après la marche dans Oxford Street, les patients coronariens et BPCO présentaient plus souvent de la toux et les BPCO des sifflements et des expectorations. La vitesse de l'onde de pouls était augmentée dans les trois groupes de patients.
« Des résultats qui montrent l'atténuation des bénéfices de la marche dans un environnement pollué, note le Pr Ferrières. Mais nos patients stabilisés ne doivent pas pour autant ne plus marcher, les bénéfices globaux de l'exercice physique vont au-delà de ces effets négatifs de la pollution. Il faut juste leur conseiller de marcher dans la mesure du possible dans les quartiers les moins pollués ».
Et la pollution sonore ?
La pollution sonore est aussi un facteur de stress et ses effets négatifs sur le système cardiovasculaire ont également été mis en évidence dans différents travaux. « Certaines personnes cumulent plusieurs facteurs de risque : niveaux sonores élevés sur leur lieu de travail et de vie, environnement pollué et niveau socio-économique bas », rappelle le Pr Ferrières.
D'après un entretien avec le Pr Jean Ferrières, Fédération de cardiologie et INSERM UMR 1027, CHU Toulouse.
(1) Ruidavets JB et al. Circulation. 2005;111:563-9
(2) Ruidavets JB et al. J Epidemiol Community Health.2005 Aug;59(8):685-93.
(3) Sinharay R et al. Lancet. 2018 Jan 27;391(10118):339-49.
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