Sevrage tabagique

La varénicline en voie de réhabilitation

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Publié le 05/03/2018
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Retiré du forfait de remboursement de sevrage tabagique depuis 2011 et des suspicions d’effets secondaires importants, le Champix relève désormais de la prescription de niche : 39 999 équivalents patients traités en 2016 pour l’arrêt du tabac sur un total de plus de 2,1 millions tous traitements confondus, d’après l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT).

Un chiffre bien loin des plus de 441 000 équivalents patients traités en 2007, année de la mise sur le marché du médicament de Pfizer. Malgré plusieurs études récentes infirmant les soupçons d’effets indésirables graves neuropsychiatriques et cardio-vasculaires et la levée du suivi renforcé en 2015, « les professionnels de santé semblent toujours réticents à utiliser le Champix », constate l’OFDT dans un rapport publié en février dernier. La question des risques liés à la prise de varénicline demeure « une préoccupation majeure chez nos patients », a confirmé le Pr Henri-Jean Aubin, psychiatre addictologue à l’Hôpital Paul-Brousse (Villejuif). Au niveau réglementaire, la Commission de transparence de la HAS a ouvert la porte en novembre 2016 à un taux de remboursement de 65 % sous condition du produit. Une prise en charge officialisée par l’arrêté du 25 avril 2017, « en seconde intention, après échec des stratégies comprenant des substituts nicotiniques ». Pour le Pr Aubin, les dernières données de la littérature doivent aujourd’hui encourager à davantage de flexibilité dans les prescriptions de Champix.

Adhésion du patient

« Environ 30 % des patients sous varénicline rapportent des nausées à différents degrés. Si l’on applique machinalement l’AMM et les recommandations de prescriptions, on a sans doute une perte de chance pour le patient. Or, on voit avec le temps et les études qu’on peut être plus souple et adapter les doses », souligne l’addictologue. « Des publications récentes montrent qu’avec 0,5 mg matin et soir on a le même résultat qu’à 1 mg. Ce n’est peut-être pas ce qu’il faut faire en routine mais pour certains patients ayant des problèmes de tolérance, cela peut être un moyen d’avoir une bonne adhésion au traitement », ajoute le Pr Daniel Thomas, cardiologue à La Pitié Salpêtrière (Paris). Une stratégie d’ailleurs recommandée par la Commission de transparence de la HAS.

Conférence organisée par le laboratoire Pfizer

David Bilhaut

Source : Le Quotidien du médecin: 9645