UN DES PREMIERS FREINS au développement de la réhabilitation respiratoire est que les pneumologues, comme les généralistes, pensent que c’est forcément compliqué et fastidieux. Et c’est parfois le cas, notamment chez les patients ayant une BPCO très avancée. Mais le plus souvent, tout peut se décider au cabinet du médecin, avec le concours d’autres professionnels de la santé acceptant de s’impliquer. L’enjeu est important. « La réhabilitation a pour objectif d’améliorer la dyspnée, la tolérance à l’effort et la qualité de vie. Diminuer le recours aux soins et à l’hospitalisation. Ainsi, la réhabilitation respiratoire est le traitement de la BPCO, il n’est pas possible de s’en passer ! » insiste le Dr Bernady.
Un cercle vicieux qu’il importe de rompre au plus vite.
La réhabilitation respiratoire des BPCO repose sur un trépied : améliorer l’activité physique, l’éducation thérapeutique (indispensable pour essayer de modifier durablement le comportement des patients) et la gestion des comorbidités. Éduquer le patient est certainement ce qui est le plus compliqué à réaliser, le personnel médical et paramédical étant insuffisamment formé et les centres d’éducation thérapeutiques pour la BPCO, encore trop rares.
Développer l’activité physique est indispensable, car du fait de leur essoufflement, les patients la diminuent par réflexe et deviennent sédentaires. Conséquence : leur masse musculaire diminue, ils se déconditionnent à l’effort et rencontrent des difficultés croissantes pour faire des efforts de moins en moins importants. C’est d’autant plus dur pour eux, qu’à leur maladie chronique viennent se surajouter des comorbidités, en particulier des maladies cardio-vasculaires (40 % des patients atteints de BPCO décèdent d’une complication cardio-vasculaire). S’y associe également une ostéoporose très importante et qui s’explique par la prise répétée de corticoïdes, le tabagisme et la sédentarité. L’anxiété et la dépression concernent 30 % des patients. Les troubles du sommeil touchent 70 % d’entre eux (overlap syndrom, désaturation nocturne en oxygène, insomnie…). Enfin, il peut y avoir une dénutrition (30 % des cas) ou une surcharge pondérale, à rechercher. Pour toutes ces raisons, la qualité de vie de certains malades est très altérée.
Donner les moyens au patient de mieux comprendre sa maladie.
« Pour porter ses fruits, la réhabilitation doit être globale et tenir compte de toutes ces comorbidités. Et comme elles sont évolutives, la réhabilitation ne peut être résumée à une intervention ponctuelle : des réévaluations régulières sont indispensables, souligne le Dr Bernady. Or malheureusement, le nombre de lits d’hospitalisation pour ces malades n’a pas évolué au cours de ces dernières années. Et les systèmes de prise en charge en ville posent problème, faute de cotations. Nous essayons donc de mettre en place des réseaux de soins financés par l’ARS, mais il n’y en a pas partout en France, leur nombre actuel étant en diminution. Pneumologues et généralistes doivent donc s’investir davantage dans la réhabilitation, en jouant notamment le rôle de coordinateur avec l’aide d’un kinésithérapeute, d’une diététicienne, d’un psychologue, d’un tabacologue et pourquoi pas d’une association de patients ou d’un club de randonnée ».
C’est d’autant plus simple à mettre en place que tous les malades ne nécessitent pas le même niveau de réhabilitation : par exemple, le fait d’inciter un fumeur à arrêter et à se remettre au sport (marcher au moins 30 minutes par jour étant le minimum), c’est déjà faire de la « réhabilitation » et n’engendre pas spécialement de gros moyens. « Plus la réhabilitation est débutée tôt, avant même l’apparition de troubles respiratoires sévères et moins elle coûte. Il est aussi très important d’accompagner et de s’appuyer sur les motivations du patient : ce qu’il aimerait arriver à faire, lui, et dans quel but. Car faire du vélo pour faire du vélo, est souvent voué à l’échec… alors que faire du vélo pour accompagner ses petits-enfants, c’est déjà plus motivant ! » insiste le Dr Bernady. Et lorsque l’activité reprend, les échelles d’évaluation en attestent : la qualité de vie remonte en flèche !
D’après un entretien avec le Dr Alain Bernady, pneumologue (polyclinique côte basque sud).
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