Le rôle des acariens de la poussière de maison au cours de la rhinite allergique et de l’asthme est bien établi depuis plus de 40 ans grâce aux travaux d’auteurs hollandais.
Les acariens domestiques font partie de l’embranchement des Arthropodes, de la classe des Arachnides (comme les scorpions et les araignées), de la sous-classe des Acariens et de l’ordre des Astigmates. Ils possèdent huit pattes et n’ont pas d’ailes. Il en existe environ 50 000 espèces que l’on trouve dans les sols, la terre, les plantes, les mousses, les arbres, et sur plusieurs animaux (par exemple les oiseaux, le cheval, etc.). Quatre familles sont responsables d’allergies respiratoires : les Pyroglyphidés, les Glycyphagidés, les Acaridés et les Echymyopopidés.
Les acariens de la poussière de maison sont minoritaires au sein de l’ensemble des acariens, ce qui contraste avec leur importance clinique en pathologie humaine. Appartenant à la famille des Pyroglyphidés, ils sont phanérophages : ils se nourrissent de phanères humains et animaux, de moisissures, de grains de pollens, etc. Cette famille comporte 18 genres, dont D. pteronyssinus (en illustration), D. farinæ, Euroglyphus maynei, D. microceras, qui sont les espèces les plus répandues et le plus souvent responsables d’allergies respiratoires et ORL. Blomia tropicalis, observé dans les régions subtropicales et tropicales, se nourrit de grains et de céréales, mais doit être considéré comme un acarien domestique. Parmi les 48 espèces recensées, 13 sont présentes dans la poussière de maison.
La quantité de fèces révélatrice d’activité
Les déjections des acariens contiennent de la guanine, qui peut être dosée par un test semi-quantitatif, l’Acarex Test, utilisé en pratique clinique. On peut estimer la quantité d’acariens présents dans la poussière de maison et des pièces de literie, car il existe une étroite corrélation entre le comptage au microscope des acariens vivants et le résultat de ce test.
Les acariens pyroglyphides vivent de deux à trois mois. Ils s’accouplent une à deux fois au cours de leur existence. La femelle D. pteronyssinus pond de 20 à 80 œufs, D. farinæ jusqu’à de 200 à 300. À partir de l’œuf, par stades successifs, l’acarien devient adulte (imago) en un mois. Dans des conditions écologiques défavorables, les acariens peuvent ralentir leur cycle, et adopter une forme végétative (hypope).
Les principaux acariens non pyroglyphides sont Acarus siro, Tyrophagus putrescentiæ, Tyrophagus casei (Acaridés), Glycyphagus domesticus, Lepidoglyphus domesticus et destructor (Glycyphagidés). Toutes ces espèces sont des acariens dits de stockage, présents dans des milieux céréaliers ou fourragers. Il faut citer également les acariens parasites de végétaux, dont les Tétranychidés (Tetranychus urticæ, Panonychus ulmi ou araignée rouge), responsables d’allergies respiratoires professionnelles en viticulture, arboriculture et sériciculture.
Une nourriture humaine
Trois facteurs influencent leur développement : l’humidité relative (de 70 à 80 % pour D. pteronyssinus, 60 % pour D. farinæ, 80 % et plus pour les acariens de stockage ; la température, optimale entre 26,6 °C et 32,6 °C en culture et de 20 à 25 °C dans les matelas ; la nourriture (les phanères humains et animaux), les 70 à 140 mg de la desquamation journalière d’une personne suffisant à nourrir plusieurs milliers d’acariens pendant plusieurs mois.
Toutefois, les acariens domestiques peuvent s’adapter à des conditions extrêmes et survivre à une hygrométrie basse, autour de 40 %, à des températures situées entre - 15 °C et + 40 °C, et à un manque de nourriture relatif. D. farinæ est trois fois plus prolifique que D. pteronyssinus etsupporte une hygrométrie plus basse (40 % vs 70 %), ce qui explique son importance croissante.
Ces acariens sont largement présents dans les pièces de repos, en particulier la chambre à coucher, dans la literie (sommiers tapissiers, oreillers, traversins, draps, couvertures, couettes), les tapis et moquettes, les fauteuils, les peluches, etc. La présence d’animaux au domicile augmente leur population.
23 groupes
Les allergènes des acariens ont fait l’objet de nombreuses études portant sur leur nature (protéines, glycoprotéines), leur structure (séquence des acides aminés, structure tridimensionnelle), leur masse moléculaire (de 11 à 190 kDa), leurs activités biologiques (toutes ne sont pas connues), leur IgE-réactivité, etc. Ils proviennent des diverses parties de l’acarien : fèces, sécrétions salivaires, débris du corps, cuticule, cellules, etc. Les allergènes des acariens pyroglyphides sont en majorité des enzymes (cystéines protéases, trypsines, chymotrypsines, etc.), amylases, collagénases, chitinases, etc. Ils persistent dans la poussière de maison après la mort des acariens. Leur nature enzymatique provoque une inflammation des épithéliums respiratoires qui deviennent plus perméables aux épitopes allergéniques.
Les allergènes des acariens sont classés en groupes numérotés de 1 à 23 auxquels correspondent des propriétés biologiques particulières. Les allergènes du groupe I sont des cystéines protéases comportant l’allergène majeur Der p 1, le premier à être cloné. Les allergènes du groupe 2 (allergènes majeurs Der p 2 et Der f 2) sont des polypeptides se liant aux lipides.
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