LES BMSC, qui sont des cellules multipotentes dérivées de moelle osseuse adulte, possèdent des propriétés immunosuppressives très intéressantes pour prévenir la réaction du greffon contre l’hôte. Cette action s’explique par un déplacement de l’équilibre Th1/Th2 au détriment des lymphocytes Th1, dont les réponses sont inhibées par les BMSC, ce qui conduit logiquement à une prépondérance des réponses de type Th2. Les Américains, dans une collaboration avec des chercheurs hongrois et libanais, se sont demandés quels sont les effets de l’administration de BMSC dans un environnement immunologique tel que celui de l’asthme, où il existe précisément une prévalence des réponses Th2.
Ils ont donc soumis des souris à une provocation allergénique par des extraits d’ambrosiacées (RW). Ils observent d’abord que l’injection I.V. (intraveineuse) de BMSC protège les rongeurs sensibilisés contre les lésions inflammatoires pulmonaires de l’asthme, avec une réduction de la production de mucus et une diminution significative du nombre des cellules inflammatoires et des éosinophiles dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire (LAB). Le traitement des animaux RW par les BMSC minore, en outre, l’élévation des concentrations en IgG1 et IgE observée chez les animaux sensibilisés.
Homing et survie.
Pour déterminer si l’environnement inflammatoire de l’asthme influence le « homing » et la survie des BMSC dans le poumon, les auteurs ont effectué des mesures de bioluminescence en utilisant des cellules de stroma exprimant la luciférase. Jusqu’à vingt-quatre heures après l’injection de ces dernières, le nombre de BMSC est comparable chez les souris asthmatiques et chez les souris contrôles. On observe en revanche une augmentation considérable de la population des BMSC au niveau du poumon asthmatique au bout de trente-six heures, et de façon encore plus nette au-delà de quarante-huit heures, leur présence étant décelable jusqu’à quatre-vingt seize heures après l’injection des cellules de stroma. Ces observations suggèrent que le poumon asthmatique attire et retient les BMSC, probablement au moyen de la sécrétion de certains facteurs.
TGF-bêta et IL4R.
Dans une étape suivante, les chercheurs ont déterminé la nature de ces facteurs. Ils ont noté une augmentation significative des concentrations en TGF-bêta (un facteur de croissance anti-inflammatoire) dans le liquide de LAB chez les souris traitées par rapport aux animaux non traitées, lors d’une provocation RW. Ils ont ensuite mis en évidence le rôle de l’activation de la voie de l’IL4R (récepteur de la cytokine IL4) dans la production accrue de TGF-bêta. Or le récepteur de l’IL4 active la voie de signalisation STAT6. Des expérimentations complémentaires montrent que l’activation de la voie de signalisation IL4/STAT6 est un élément déterminant de l’action bénéfique des BMSC dans un environnement asthmatique, au travers d’une production accrue de TGF-bêta par ces cellules.
Ces travaux indiquent, par conséquent, que les cellules de stroma médullaire, déjà connues pour leur intérêt dans la prévention de la réaction du greffon contre l’hôte ou dans le domaine des maladies auto-immunes, pourraient également avoir des applications potentielles en allergologie. L’injection I.V. de BMSC à des souris sensibilisées à un allergène permet d’abolir la réponse (allergique) de type Th2.
Le mécanisme d’action des BMSC dans un contexte de poumon asthmatique, conduisant, comme dans la réaction contre l’hôte, à un rééquilibrage des réponses Th1/Th2, mais de manière différente, est également intéressant. La liaison de la cytokine IL4 (et/ou IL13) aux récepteurs IL4R des cellules BMSC active la voie de signalisation STAT6 qui, elle-même, contribue, de manière nécessaire mais sans doute non suffisante, à accroître la sécrétion du facteur de croissance TGF-bêta. La libération de ce dernier par les BMSC dans un environnement allergique induit un freinage de la production d’IL4 et aboutit ainsi à un retour à l’équilibre immunologique Th1/Th2.
K Nemeth, E Mezey et coll. Bone marrow stromal cells use TGF-bêta to suppress allergic responses in a mouse model of ragweed-induced asthma. Proc Natl Acad Sci USA (2010) Publié en ligne.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024