A l’occasion de la conférence internationale ATS une équipe de la Mayo Clinic a présenté les résultats de ses travaux qui suggèrent que l’estradiol pourrait être bénéfique aux femmes qui souffrent d’asthme.
Il semble que, après la puberté, les femmes ont un asthme plus sévère et ont davantage d’exacerbations que les hommes. On a aussi observé des modifications de la réactivité bronchique au cours du cycle menstruel, à l’occasion d’une grossesse et à l’installation de la ménopause. On a rapporté que les symptômes d’asthme sont plus importants quand les estrogènes sont à leur taux le plus bas, comme dans la phase lutéale tardive. Il était donc intéressant, explique Elizabeth Townsend, de voir si les hormones sexuelles (estrogènes et progestérone) modulent le tonus des voies aériennes.
On sait que la bronchoconstriction, comme dans l’asthme, est influencée par le taux de calcium intracellulaire au niveau des muscles lisses respiratoires. L’équipe de Townsend a exposé des échantillons pulmonaires humains (pièces chirurgicales) à de petites doses d’estradiol (comparables aux valeurs physiologiques de la femme). Elle a observé qu’une exposition aiguë (de 15 minutes) à l’estradiol fait baiser le taux de calcium intracellulaire dans les cellules musculaires lisses. De plus, de petites doses d’estradiol diminuent la réponse aux bronchoconstricteurs.
Les chercheurs se sont alors demandé si les estrogènes pouvaient provoquer une bronchodilatation. Et si, associés aux bêta-2 agonistes, ils pouvaient accroître la bronchodilatation. En laboratoire, sur des cellules musculaires lisses, ils montrent que l’association d’estradiol et d’isoprotérénol (activateur non sélectif des récepteurs bêta-1 et bêta-2) a un effet synergique sur la diminution de calcium intracellulaire.
« Ces nouvelles données suggèrent que l’estradiol a des propriétés bronchodilatatrices et peut potentialiser les effets des bêta-2 agonistes », indiquent les chercheurs. Des résultats qui, pour les auteurs, méritent la mise en place de nouvelles études. De toute façon, de nombreuses questions sont soulevées, qui doivent guider les futures recherches : quel est l’effet d’une exposition chronique aux estrogènes sur le tonus des muscles lisses ? Existe-t-il des interactions entre estrogènes et progestérone au niveau respiratoire ? Les hommes et les femmes sont-ils différents dans leurs réponses aux stéroïdes sexuels ? Une association inhalée de bêta-2 agoniste et d’estrogènes peut-elle être plus efficace dans le contrôle de l’asthme que le bêta-2 agoniste seul ?
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