La pollution de l’air englobe diverses particules en suspension qu’elles soient physiques, chimiques ou biologiques, parmi lesquels on distingue les polluants primaires, émis essentiellement par la combustion des hydrocarbures (oxydes de soufre, d’azote, dioxyde de carbone, composés organiques volatils) et les polluants secondaires issus de réactions chimiques diverses sous l’effet des UV, donc très dépendantes des conditions météorologiques.
On parle beaucoup du rôle délétère des particules PM10 et des particules fines PM2,5 et ces dernières pénètrent très profondément dans l’arbre respiratoire. La pollution automobile urbaine est une des principales sources de pollution et on a constaté une augmentation de l’incidence de l’asthme autour des grands axes routiers. Diverses autorités de santé ont pointé le rôle néfaste du diesel, qui en France représente la majeure partie du parc automobile alors qu’au Japon, où sa part a été ramenée à moins de 1%, on a constaté une nette diminution des émissions de NO2 et de PM10.
L’intérieur n’est pas protégé de la pollution, avec essentiellement des particules fines, des COV, et surtout les produits de la combustion de la biomasse particulièrement nocifs dans les pays en voie de développement.
Des mécanismes d’action multiples
Les particules fines pénètrent très profondément dans le système broncho-alvéolaire et passent vraisemblablement dans le sang, perturbent la composition des sécrétions et favorisent l’inflammation locale (via la production d’interleurkines pro inflammatoires) et le stress oxydatif de même que l’ozone. Les PM10 provoquent le raccourcissement des télomères.
La pollution et en particulier l’ozone augmente la sensibilisation aux allergènes respiratoires, ce qui expliquerait en partie l’augmentation des maladies respiratoires. On constate actuellement que 30% des personnes sont sensibilisés aux pollens, ce qui pourrait être en rapport avec les modifications de la période de pollinisation. Des métaanalyses ont par ailleurs confirmé le pouvoir cancérogène de la pollution. « L’analyse des effets des polluants est difficile, la plupart des études étudient les polluants séparément, mais il ne faut pas perdre de vue qu’ils agissent possiblement en synergie, cet effet cocktail étant plus complexe à modéliser » explique le Dr Sesé.
La pollution de fond plus redoutable que les pics de pollution
Les conséquences des pics de pollution se font rapidement sentir, avec dans les 24/48 heures une augmentation de la mortalité et des hospitalisations pour causes cardio-respiratoires, plus marquée chez les personnes déjà vulnérables. Mais diverses études, et en particulier celles de l’INVS insistent sur la nocivité de la pollution de fond sur le déclin de la fonction respiratoire et la mortalité prématurée. Une étude menée à Los Angeles (1) montre qu’en diminuant la concentration en particules fines et de NO2 on améliorait la fonction respiratoire chez les enfants, asthmatiques ou non. La pollution a clairement un impact sur le développement pulmonaire ; certaines particules pourraient passer la barrière placentaire et favoriser, au même titre que le tabac la survenue d’un asthme ultérieur.
On a défini des seuils d’alerte qui diffèrent selon les pays, le seuil d'alerte français étant plus tolérant que l’européen, lequel est plus laxiste que celui de l’OMS, mais on ne peut dire qu’il existe une limite en deçà de laquelle il n’y aurait pas de risque. D’autant qu’il existe vraisemblablement des personnes plus vulnérables du fait d’une susceptibilité génétique comme la famille des gènes de la GST (2).
La pollution est susceptible d’interagir avec toutes les pathologies et de favoriser les exacerbations. Elle serait aussi impliquée dans l’augmentation de l’incidence de certaines pathologies. Selon le REVIHAAP project de l’OMS, il y aurait vraisemblablement une relation entre pollution et incidence de l’asthme, entre la BPCO et l’exposition à la pollution extérieure, mais surtout avec l’exposition à la combustion de la biomasse dans les pays en voie de développement en particulier chez les femmes.
D’après un entretien avec le Dr Lucile Sesé, Hôpital Avicenne Service de pneumologie, Hôpital Avicenne Equipe EPAR (épidémiologie des pathologies allergiques et respiratoires), UMRS 1136 INSERM & UPMC Paris
(1) Association of Improved Air Quality with Lung Development in Children, W. James Gauderman & al, N Engl J Med 2015; 372:905-913March 5, 2015DOI: 10.1056/NEJMoa1414123
(2) glutathion superoxyde dismutase
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024