Le premier confinement de mars 2020 a permis d’augmenter et de faciliter la prise en charge en hospitalisation à domicile (HAD) des patients recevant une immunothérapie pour un cancer bronchique. « On a alors transféré en hospitalisation à domicile vingt patients qui suivaient jusque-là leur traitement en hôpital de jour. Et cette prise en charge en HAD s’est déroulée dans des conditions très satisfaisantes. Il est vrai que nous ne sommes pas partis de rien, puisque nous faisons, à Pau, des immunothérapies en HAD pour des cancers bronchiques depuis 2018. Nous avons réalisé une étude de faisabilité à ce sujet (ImHADom), qui s’est déroulée entre mars 2019 et mars 2021. Et elle a montré que la prise en charge à domicile est parfaitement adaptée aux patients traités par immunothérapie », indique le Dr Aldo Renault, onco-pneumologue à Pau, en précisant qu’une lettre faisant état de cette étude vient d’être publiée dans le Bulletin du cancer (1).
Une sélection des patients
Tous les patients ne sont pas éligibles à la HAD. « Cela peut être proposé à des patients majeurs, volontaires, atteints d’un cancer bronchique éligible à une immunothérapie, et ayant eu au moins deux évaluations d’efficacité et de tolérance du traitement. Les patients ne doivent pas présenter d’effets indésirables liés à l’immunothérapie (Eili), de grade supérieur ou égal à 1 non contrôlés. Il faut bien entendu que le médecin traitant soit d’accord et que le patient vive dans un environnement adapté et, enfin, que lui-même, son médecin traitant, et les soignants intervenant à son domicile soient parfaitement informés des effets secondaires potentiels de ce type de traitement », explique le Dr Renault.
Ensuite, la prise en charge s’appuie sur un protocole très encadré. La veille, un infirmier rend visite au patient, fait une prise sang, recueille les constantes et d’éventuels Eili. Si nécessaire, il appelle l’oncologue référent ou de garde. Le jour du traitement, la prescription est validée par le pneumologue référent de l’hôpital de jour. L’immunothérapie est préparée et administrée par l’infirmier.
Un afflux croissant en hôpital de jour
Pour mieux guider les professionnels, souhaitant développer ce type de prise en charge, la Société française d’immunothérapie du cancer (Fitc) a publié des recommandations pratiques, auxquelles l’équipe du Dr Renault a collaboré. « L’immunothérapie constitue une révolution thérapeutique dans la prise en charge des cancers, en particulier des tumeurs solides. L’introduction des inhibiteurs des points de rétrocontrôle de la réponse immunitaire, appelés inhibiteurs de checkpoints, permet d’obtenir une réponse prolongée chez une proportion non négligeable de patients, variant avec le type tumoral », souligne le texte de la Fitc, en rappelant que ces traitements sont habituellement administrés en hôpital de jour par des perfusions courtes, à un rythme allant de toutes les 2 à 6 semaines, sur des périodes de traitement prolongées pouvant dépasser 2 ans. « Ceci entraîne, d’un point de vue pratique, un afflux de patients en hôpital de jour, d’autant que les indications de l’immunothérapie seule ou en association ne cessent de s’élargir en termes de type tumoral ou de stades. »
Le texte précise la nature des immunothérapies pouvant faire l’objet d’une administration à domicile dans le cadre d’une HAD. Ce sont « principalement les anticorps anti-PD1 ou les anti-PDL1 en monothérapie, monothérapie de maintenance faisant suite à une bithérapie anti-CTLA-4 et anti-PD1 administrée antérieurement en hospitalisation de jour, association à une thérapeutique ciblée administrée par voie orale, association avec une chimiothérapie, dans la mesure où la structure d’HAD assure également l’administration de la chimiothérapie à domicile ».
Selon le Dr Renault, les regards sur cette prise en charge à domicile sont en train de changer, en raison de l’actualité sanitaire autour du Covid. « Avant le premier confinement, quand on proposait une immunothérapie à domicile, un patient sur deux refusait, préférant venir à l’hôpital. On sentait qu’il y avait pour ces patients une volonté de maintenir une distinction entre le lieu de vie et le lieu de soin. Aujourd’hui, depuis la pandémie Covid, neuf patients sur dix acceptent une prise en charge en HAD, se sentant probablement plus protégés et rassurés à leur domicile ».
Exergue : Il faut que le patient, son médecin traitant, et les soignants intervenant au domicile soient parfaitement informés des effets secondaires potentiels de ce type de traitement
Entretien avec le Dr Aldo Renault, onco-pneumologue à Pau (1) Renault A et al. Faisabilité de la prise en charge en HAD de patients recevant une immunothérapie pour un cancer bronchique. Bulletin du cancer avril 2021(4)108 :437-9. doi : 10.1016/j.bulcan.2020.11.017
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