« LA DYSPNÉE est une expérience subjective de gêne respiratoire recouvrant des sensations variables en intensité. Le vécu dépend de multiples facteurs physiologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux (...). » La définition que l’American Thoracic Society propose pour la gêne respiratoire reconnaît bien la complexité du symptôme. Voilà qui permet d’éclairer les résultats obtenus par une équipe d’oncologues américains, australiens et britanniques sur l’intérêt de l’oxygénothérapie en soins palliatifs. Selon l’étude dirigée par le Dr Amy Abernethy de la Duke University, il n’y aurait en effet aucun bénéfice supplémentaire à administrer par voie nasale de l’oxygène par rapport à de l’air ambiant comprimé. Ce qui est habituellement réalisé à titre compassionnel lors des dyspnées de fin de vie, qu’il existe ou non d’hypoxie. D’autres moyens que l’oxygénothérapie, moins coûteux et tout aussi utiles, pourraient être proposés, de l’air ambiant par voie nasale par exemple, mais aussi l’installation d’un petit ventilateur à proximité du lit.
Absence d’hypoxie.
Car, quelle que soit la méthode choisie, il existe bel et bien un bénéfice pour le patient, subjectif mais réel, à prendre en compte le symptôme et à lui proposer un traitement. Ainsi, 239 patients en fin de vie, ayant une dyspnée réfractaire avec une pression partielle artérielle en oxygène (PaO2) › 7,3 kPa ont été inclus à partir de neuf centres en Australie, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Les participants ont été randomisés pour recevoir pendant 7 jours soit de l’oxygène soit de l’air ambiant par voie nasale à 2 litres/min, au moins 15 heures/jour. La gêne respiratoire était mesurée à l’aide d’une échelle visuelle analogique allant de 0 à 10. Par rapport aux valeurs de base, la dyspnée mesurée deux fois par jour, matin et soir, était améliorée sous traitement. Aucune différence significative n’a été relevée entre les deux groupes. Pour ce qui est de dyspnée extrême, 12 épisodes ont été rapportés chez les 116 patients du groupe oxygène (10 %), par rapport à 14 chez les 108 du groupe air ambiant (13 %). Deux patients (2 %) du groupe oxygène se sont plaints d’irritation nasale versus 7 (6 %) du groupe air ambiant.
D’autres moyens thérapeutiques.
Selon les auteurs, l’air ambiant par voie nasale est à considérer comme une intervention plutôt que comme placebo. Oxygène et air ambiant soulagent en effet à la fois l’anxiété et la dyspnée. Une explication possible pourrait être que le seul mouvement de gaz dans les voies nasales améliore la sensation de gêne respiratoire et, par là même, apaise le stress ressenti. L’amélioration est très certainement due aussi au lien social, à l’attention et au réconfort prodigué. Le gaz n’a pas besoin d’être nécessairement de l’oxygène. Ce gaz, outre son coût, présente plusieurs inconvénients, son caractère inflammable et la prudence nécessaire chez les patients hypercapniques. Reste que l’air ambiant comprimé n’est pas encore facilement disponible. D’autres moyens non pharmacologiques pour soulager la dyspnée de fin de vie sont à tester : aide à la marche, ventilateur à proximité, stimulation neuro-musculaire, vibration de la paroi thoracique. Quant aux médicaments, les benzodiazépines ne sont proposées en première intention, tandis que les opiacés à faible dose sont communément utilisés sans effet délétère sur la survie.
The Lancet, volume 376, 784-793, 4 septembre 2010.
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