« Environ 97 % des fumeurs qui essaient d’arrêter sans aucune aide échouent », rappelle la Haute Autorité de Santé (HAS) en préambule de ses recommandations de bonne pratique dans l’aide à l’arrêt du tabac.
À ce titre, l’accompagnement du patient fumeur par son médecin traitant est considéré comme un « facteur clé » de réussite. « Le rôle essentiel du médecin généraliste est d’aborder systématiquement la question du tabac en consultation, de rappeler le conseil minimal », souligne le Dr Anne Borgne, chef de service au CSAPA Victor Segalen (Association Hôpital Nord 92, Villenuve La Garenne), par ailleurs présidente du RESPADD. Une démarche rapide, mais efficace consiste à poser deux questions essentielles, à savoir « est-ce que vous fumez ? » et « voulez-vous arrêter ? ». Et en cas de réponse affirmative, à informer sur les moyens pour y arriver. « Il ne faut jamais rater une occasion de poser la question de l’arrêt du tabac. Il y a encore des généralistes qui ne demandent pas aux patients s’ils fument ou pas. Or, l'existence d'un tabagisme fait partie intégrante de l’analyse de l’état de santé du patient », relève le Dr Borgne. « Le sevrage tabagique, c’est comme dans toutes les addictions, ce n’est pas une trajectoire en ligne droite, mais un trajet avec de grandes sinuosités pour certains », rappelle-t-elle. « L’essentiel est de poursuivre un objectif et l’importance du professionnel de santé, comme le médecin généraliste, c’est d’être celui qui va soutenir, aider les gens qui partent sur des rechutes, des faux pas, leur redonner confiance, les encourager dans leur démarche d’arrêt, réadapter les traitements les soutenir psychologiquement, les aider à éviter la prise de poids qui est un facteur de rechute important, mais évitable grâce à l’activité physique et une adaptation alimentaire », résume la tabacologue.
Substituts et e-cigarette
En pratique, la prise en charge du sevrage débute le plus souvent par les substituts nicotiniques. « Le problème des généralistes est de sous-doser ces substituts, ce qui met les fumeurs en situation d’échec. Il faut mieux surdoser que sous doser la nicotine », conseille le Dr Borgne. Quant à la cigarette électronique, les omnipraticiens ne doivent plus hésiter à en recommander l’usage. « La e-cigarette, on l’utilise soit en usage unique, soit en complément d’une substitution nicotinique », précise-t-elle. « L’essentiel est d’associer les formes qui vont correspondre aux besoins du fumeur pour qu’il soit le moins en difficulté possible. Et il y a autant d’utilisations des substituts nicotiniques sous toutes leurs formes qu’il y a de fumeur. C’est pour cela que l’expérience est importante », insiste le Dr Borgne.
Passer la main au bon moment
Lorsque les substituts nicotiniques ne suffisent pas chez les fumeurs dépendants, le recours à la varénicline en seconde intention ne doit pas être négligé. « La varénicline a été très décriée et les vieilles rumeurs persistent. Il n’y a pas de risque à l’utiliser. C’est simplement un médicament sur prescription médicale, avec une surveillance médicale. Il a toute sa place et je pense qu’il reste sous-utilisé », considère-t-elle. Enfin, l’orientation vers une consultation spécialisée en tabacologie doit rester réservée aux patients en échec d’arrêt après plusieurs tentatives, qui ont des niveaux de dépendance élevés, des coaddictions ou des pathologies psychiatriques. « Certains généralistes nous envoient directement des fumeurs dont ils pensent ne pas savoir s’occuper. Or, beaucoup de fumeurs n’ont pas besoin d’aller consulter un tabacologue. Les généralistes peuvent les prendre en charge dans le cadre de consultations répétées, mais pas forcément longues », conclut la tabacologue.
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