LES TESTS FONDÉS sur la mesure de la production d’interféron gamma (IGRA pour Interferon Gamma Release Assay) sont, comme l’intradermoréaction à la tuberculine (IDR), des tests immunologiques qui permettent d’identifier les sujets qui ont été en contact avec Mycobacterium tuberculosis. En janvier 2007, la Haute Autorité de santé (HAS) avait rendu un avis favorable à l’utilisation de ces tests dans quatre indications :
– le dépistage de tuberculose (TB) latente chez des sujets contacts adultes ;
– lors de l’embauche de professionnels exposés ;
– avant la mise en route d’un traitement par anti-TNFα ;
– et pour l’aide au diagnostic de TB maladies difficiles à mettre en évidence, en particulier les TB extrapulmonaires.
Cependant, l’absence d’inscription à la nomenclature, et donc de remboursement, a conduit à une prescription et à une tarification anarchiques des tests. Pour le Pr Pierre Tattevin, « les tests interféron sont trop souvent effectués pour faire le diagnostic de TB maladie alors que c’est clairement une situation où ils sont peu performants, à cause d’un risque élevé de faux négatifs (sensibilité estimée à 70 % dans cette indication). Quant à la tarification, si certains hôpitaux l’ont facturé 40 euros en l’incluant dans des projets de recherche, le coût de ce test peut atteindre de 200 à 250 euros dans des laboratoires privés ».
Des avantages, mais aussi des inconvénients.
Les tests IGRA ont plusieurs avantages par rapport à l’IDR :
– ils sont plus spécifiques et contrairement à l’IDR, ne sont pas sensibles aux antécédents de vaccin par le BCG. C’est important en France où la majorité de la population est vaccinée ;
– le support de ces tests est un résultat biologique écrit et vérifiable. Le risque de perte d’information est moindre qu’avec l’IDR évaluée visuellement ;
– ce test effectué in vitro sur les lymphocytes d’un prélèvement veineux, ne nécessite qu’une seule visite du patient.
Ils ont aussi quelques inconvénients :
– marqueurs d’exposition qui restent positifs toute la vie, ils ne permettent pas de différencier une TB évolutive d’une TB guérie, ni de dissocier une TB latente d’une TB maladie ;
– Le résultat n’est pas quantitatif mais qualitatif (positif ou négatif). Or, des études récentes chez des personnels soignants exposés ont montré qu’une proportion importante de sujets « sains » oscille entre le positif et le négatif d’un test à l’autre.
La situation devrait évoluer.
Le HCSP, saisi en mars 2009 par la DGS, a émis un avis en juillet 2011 (http://www.hcsp.fr). Considérant qu’il est indispensable de repérer et traiter les sujets atteints de TB latente qui sont à risque de développer une TB maladie, le HCSP recommande les tests IGRA pour le diagnostic des TB latentes dans le cadre d’enquête autour d’un cas chez les patients contacts, chez les patients VIH + et chez les patients débutant un traitement immunosuppresseur, en particulier anti-TNFα. Pour le personnel de santé, le test est recommandé à l’embauche, mais pas en surveillance, sauf en cas de contact avec un sujet contagieux. « Nous espérons que le test IGRA sera prochainement remboursé, souligne le Pr Tattevin. La SPILF intervient activement dans ce sens. De plus, si ce test coûte plus cher que l’IDR, il est plus sélectif et moins de patients sont traités. Il a donc un rapport coût/efficacité favorable. »
D’après un entretien avec le Pr Pierre Tattevin, CHU de Rennes.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024