La multiplication des feux de forêt au Brésil expose le pays à une augmentation sans précédent du nombre d'hospitalisations pour troubles respiratoires et cardiaques, selon une étude internationale publiée dans le « Lancet Planetary Health ».
Les auteurs ont consulté les données relatives à plus de 143 millions d'hospitalisations, collectées entre 2000 et 2015 dans 1 814 villes qui concentrent près de 80 % de la population brésilienne. Ces informations, une fois croisées avec les relevés environnementaux de qualité de l'air, révèlent que même une exposition de courte durée aux polluants de l'air liés aux incendies peut provoquer une augmentation locale significative des hospitalisations pour infarctus, crise d'asthme, ainsi qu'une hausse à plus long terme du risque de perte de capacités pulmonaires et même de décès.
Entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2015, le taux moyen de particules fines (PM2.5) liées aux feux de forêt a augmenté de 10 μg/m3, au diapason de l'explosion du nombre annuel de feux. Cette augmentation s'est accompagnée d'une hausse de 35 hospitalisations pour 100 000 habitants, soit 48 000 Brésiliens admis chaque année à l'hôpital, en particulier dans les villes du nord, du centre et de la région centre-ouest. Le phénomène ne se limite toutefois pas aux régions directement concernées par les feux de forêt : les fumées toxiques et les particules produites par ces événements sont projetées jusqu'à 2000 ou 2 500 km d'altitude, et voyagent sur de très longues distances.
Selon les données publiées par les chercheurs de l'université Monash (Australie), les enfants de moins de 4 ans sont les premières victimes du phénomène, suivis par les enfants de 5 à 9 ans et les adultes âgés de plus de 80 ans. Au total, les auteurs attribuent 766 091 hospitalisations aux feux de forêt entre 2000 et 2015, dont 254 044 chez les enfants de moins de 4 ans.
Le pire est à venir selon les chercheurs
Anxieux, le Pr Yuming Guo, professeur de santé environnementale globale, chef de l'unité de recherche sur le climat, la qualité de l'air de l'université Monash et premier auteur de l'étude, rappelle que ces données « démontrent un impact des feux de forêt sur la santé, alors même qu'elles sont antérieures à 2019, qui marque le début d'une intensification des feux de forêt à travers le Brésil ! »
Entre 2019 et 2020, le nombre de feux de forêt a augmenté de 12,7 % au Brésil. L'année dernière a été établi le record de la décennie du nombre d'incendies. Depuis le début de l'année 2021, 260 incendies importants ont déjà été répertoriés, détruisant plus de 105 000 hectares, soit la surface de la ville de Los Angeles. Ces incendies sont, selon les auteurs, largement évitables, dans la mesure où 75 % des feux ont été provoqués dans des lieux déboisés afin de préparer le terrain à un usage agricole. Cette pratique reste répandue en dépit d'une interdiction prononcée par le gouvernement brésilien en juin dernier.
La dégradation de la forêt et le réchauffement climatique pourraient encore amplifier le phénomène. Les feux de forêt sont en effet plus fréquents pendant la saison sèche, dont la durée s'est allongée au cours de ces dernières années.
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