Pr Gaëtan Deslée : « Les techniques endobronchiques de réduction du volume pulmonaire s’adressent à des patients très sélectionnés »

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Publié le 26/06/2018
Gaetan Deslée

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Crédit photo : DR

Les traitements médicaux ont une efficacité limitée dans la prise en charge de l’emphysème sévère. Des techniques chirurgicales de réduction du volume pulmonaire ont été développées, mais elles sont peu utilisées en raison de leur lourdeur et de la morbimortalité qui leur est associée. Pour les patients de moins de 65 ans avec peu de comorbidités, la greffe pulmonaire peut être envisagée, mais il s’agit là aussi d’une chirurgie lourde. Cela a conduit à proposer des techniques de réduction de volume de l’emphysème par voie endobronchique.

Trois procédures, une réversible et deux irréversibles…

À ce jour, trois techniques ont été évaluées.

La première, la plus étudiée et pour laquelle le recul est le plus grand, est la pose de valves endobronchiques unidirectionnelles. Cette procédure, réversible, a fait la preuve de ses bénéfices dans plusieurs études multicentriques randomisées auxquelles des centres français ont participé. « Sous réserve d’une bonne sélection des patients, avec notamment une absence de ventilation collatérale, elle permet d’améliorer la fonction respiratoire et la qualité de vie, indique le Pr Gaëtan Deslée, qui coordonne le groupe de travail BPCO de la SPLF. Mais elle expose au risque de pneumothorax, et doit être réservée à des services bien équipés. »

La deuxième technique, irréversible, est la pose de spirales endobronchiques. Trois études randomisées, dont une française impliquant dix centres, ont confirmé son efficacité, avec une sécurité acceptable, mais de potentielles complications : pneumonie, pneumothorax et plus rarement hémorragies.

Une troisième méthode, elle aussi non réversible, se fonde sur le recours à la vapeur thermique, qui déclenche une réaction inflammatoire suivie d’une rétractation pulmonaire. Jusqu’alors surtout développée en Allemagne, elle a montré son intérêt dans une étude randomisée multicentrique. Une prochaine étude incluant des équipes françaises devrait prochainement débuter.

… intéressantes, mais non dénuées de risques

« Ces différentes techniques donnent donc des résultats intéressants, avec un réel impact sur la fonction respiratoire et la capacité à l’exercice, chez des patients parfaitement sélectionnés dans des centres de référence, synthétise le Pr Deslée. Elles ne concernent potentiellement qu’un petit nombre de malades, ceux ayant une distension thoracique importante, mais ne sont pas dénuées de risques. Des discussions sont en cours afin que la pose de valves et de spirales puisse être réalisée en soins courants avec un remboursement, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. À terme, il sera indispensable que les patients ainsi traités soient inclus dans des registres de manière que l’on puisse bien évaluer l’efficacité et la sécurité de ces techniques en soins courants. »

Entretien avec le Pr  Gaëtan Deslée, CHU de Reims

Dr Isabelle Hoppenot

Source : lequotidiendumedecin.fr