Les bénéfices de la réhabilitation respiratoire ont été soulignés lors de nouvelles recommandations américaines, rapportées au congrès de l’American thoracic society (ATS, mai 2023), en particulier au cours de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) : la réhabilitation respiratoire doit faire l’objet d’une prescription plus fréquente, notamment pour les patients en état stable et ceux en post-aigu, trois semaines après la sortie de l’hôpital.
BPCO en état stable
« Pour le patient BPCO en état stable — la stabilité étant définie par l’absence d’exacerbation depuis au moins quatre semaines — il est recommandé de participer à un programme de réhabilitation respiratoire. Il s’agit d’une recommandation forte. En effet, dans cette population, la réhabilitation respiratoire permet une augmentation de la capacité d’exercice, une amélioration de la dyspnée et de la qualité de vie » détaille la Pr Bouchra Lamia (département de pneumologie, GH du Havre, Unité de recherche de 3 830-GRHVN, Université de Normandie).
La recommandation souligne la possibilité de réaliser cette réhabilitation respiratoire, soit en centre spécialisé équipé du matériel permettant le travail d’endurance et de renforcement musculaire, soit en ambulatoire, auprès de kinésithérapeutes de ville également équipés pour permettre ce programme. « La réhabilitation respiratoire comporte des séances de travail en endurance (vélo, tapis de marche ou de course par exemple), associées à des séances de renforcement musculaire. Ces séances devraient être réalisées au rythme de deux à trois fois par semaine sur une période de huit semaines, soit un total de vingt-quatre séances, poursuit la Pr Lamia. Elle doit être associée aux mesures d’éducation thérapeutique, de sevrage tabagique (le cas échéant) et de prise en charge nutritionnelle faisant intervenir, si besoin, un professionnel de santé. » Il est à souligner qu’il s’agit de patients BPCO en état stable, sans comorbidité cardiocirculatoire évolutive car, en cas d’antécédents cardiologiques, le patient doit être évalué par un cardiologue avant de débuter la réhabilitation respiratoire.
La question d’un programme de maintenance a également été posée par les experts américains pour ces patients. Pour y répondre, ils ont analysé 21 études contrôlées et randomisées, incluant près de 1 800 participants (essentiellement des patients ayant une BPCO modérée à sévère). « La synthèse de ces analyses n’a pas révélé d’amélioration constante de la capacité à l’effort ou de la qualité de vie dans les six à douze mois. Pour les patients avec une BPCO stable, un programme de réhabilitation pulmonaire de maintenance ne fait donc pas mieux que le traitement standard (après réhabilitation respiratoire initiale) », indique la Pr Lamia.
BPCO post-exacerbation
La grande nouveauté de ces recommandations a aussi été de rapporter que, chez les patients hospitalisés pour exacerbation, une réhabilitation respiratoire en post-aigu (dans les trois semaines suivant la sortie d’hospitalisation) apportait un bénéfice, et notamment une réduction du taux de réadmission à l’hôpital, une amélioration de la capacité à l’effort et de la qualité de vie. « Dans cette situation précise, la réhabilitation respiratoire devrait se faire en centre spécialisé », souligne la Pr Lamia.
Pneumopathies interstitielles
Enfin, la réhabilitation respiratoire pour les patients atteints de pneumopathie interstitielle est recommandée, avec un niveau fort en raison d’une amélioration de la capacité à l’effort, d’une amélioration de la dyspnée et de la qualité de vie. Elle peut être réalisée en intra hospitalier ou en ambulatoire, dans un centre expert.
Entretien avec la Pr Bouchra Lamia (Le Havre)
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