Les résultats de l’étude française PADIS-PE, publiés dans le « JAMA », viennent de trancher net un débat vieux de 20 ans sur la durée d’un traitement par anticoagulants instauré après une première embolie pulmonaire survenue sans facteurs favorisants (encore appelée idiopathie).
Selon les travaux menés dans 14 services de pneumologies, et coordonnées par le Pr Francis Couturaud du département de médecine interne et pneumologie du CHRU de Brest, un tel traitement doit durer 6 mois si le patient présente un risque hémorragique important ou un risue de récidive faible, ou devenir un traitement à vie si le risque hémorragique est faible et a fortiori en présence de certaines caractéristiques qui prédispose nettement le patient à une récidive.
« Les recommandations internationales préconisent déjà une anticoagulation sans limite de temps chez les patients ayant un risque hémorragique faible, explique le Pr Couturaud, mais elles sont de grade modéré et ne distinguent pas les embolies pulmonaires des thromboses veineuses profondes. » Le calcul du bénéfice risque est pourtant très différent selon le type d’événement : les récidives après une embolie pulmonaire sont 5 fois plus mortelles que celles après une thrombose veineuse profonde. L’étude française est la première à apporter une réponse claire dans l’indication de l’embolie pulmonaire.
Un bénéfice qui disparaît sitôt le traitement terminé
Pour parvenir à ces conclusions, les auteurs ont recruté 371 patients admis après une première embolie pulmonaire. Tous ont été traités par AVK pendant 6 mois, puis la moitié a changé pour un placebo tandis que l’autre moitié continuait les AVK pendant 18 mois de plus. Au bout de 18 mois après l’initiation du traitement, 3,3 % des patients qui restaient sous AVK avaient subi un nouvel événement thromboembolique ou une hémorragie, contre 13,5 % dans le groupe qui a basculé vers un placebo.
Le point le plus important est qu’au bout de 42 mois, soit un an et demi après la fin du traitement dans les deux groupes, les risques de récidive n’étaient plus statistiquement différents : tout le bénéfice de l’anticoagulation avait disparu. « Cette notion était déjà un peu connue, commente le Pr Couturaud, mais on pensait tout de même que deux ans de warfarine présenteraient un bénéfice plus durable. La leçon à en tirer, c’est que si l’on ne décide pas de traiter le patient à vie, il est inutile de le traiter pendant plus de six mois. » Par ailleurs, il est très probable que ces résultats, obtenus avec la warfarine, seraient les mêmes avec des anticoagulants à action directe : « leur efficacité est similaire, et leur utilisation per os rend leur prescription plus souple », explique le Pr Couturaud.
Informer le patient
Selon des résultats présentés récemment en congrès, mais pas encore publiés, les investigateurs de PADIS-PE ont identifié des facteurs de risques de récidives d’embolie pulmonaire : un âge de plus de 65 ans, des séquelles pulmonaires observées par scintigraphie du radiotraceur ou des séquelles de phlébite. Les marqueurs biologiques, comme la thrombophilie biologique, ou le sexe ne sont en revanche pas des indicateurs. Le risque de récidive évalué à l’aide de ces facteurs est à mettre en balance avec l’augmentation du risque d’hémorragie sévère induite par une anticoagulation (+ 2 % par an), pour décider de la durée du traitement. « Le dernier point important est l’information du patient à qui l’on doit expliquer clairement le risque de saignement si on continue le traitement, le risque thromboembolique si on l’arrête, conclut le Pr Couturaud, dans mon service, je prends leurs avis en compte avant de prendre une décision. »
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