L’asthme chez les seniors est soit une résurgence d’un asthme ancien (qui est apparu dans l’enfance et était en rémission depuis plusieurs années), soit un asthme d’apparition tardive, au moment de la ménopause par exemple, ce qui n’est pas si rare…
« Il existe en effet deux pics de survenue de la maladie, pendant l’enfance et autour de la cinquantaine », observe le Dr Yves Magar. Si l’asthme du sujet jeune est majoritairement d’origine allergique, il l’est beaucoup moins pour les personnes plus âgées, qualifié d’« intrinsèque » faute de cause identifiée. Le diagnostic est fréquemment retardé parce que l’on y pense moins : au décours d’une infection respiratoire virale, quand la dyspnée se prolonge, on évoque plutôt une bronchite asthmatiforme ou une insuffisance cardiaque… Le tableau est aussi « brouillé » par la présence d’autres comorbidités, plus fréquentes chez le sénior.
Les critères diagnostiques sont les mêmes que pour l’adulte jeune : l’asthme est un trouble ventilatoire obstructif variable et réversible associé à une hyperréactivité bronchique et une inflammation chronique des voies aériennes. « Pour en faire le diagnostic, indique le Dr Magar, il convient donc de penser à l’éventualité d’un asthme et d’objectiver le trouble ventilatoire obstructif par des épreuves fonctionnelles respiratoires (une spirométrie) ». Le débitmètre de pointe au cabinet donne une première idée de la situation bronchique s’il est diminué. Pour ce qui est des diagnostics différentiels, l’asthme ne doit pas être confondu avec une insuffisance cardiaque gauche ou une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) chez un fumeur : la spirométrie (qui met en évidence le caractère non réversible du trouble obstructif) peut être difficile d’exécution et/ou d’interprétation dans ce cas. Enfin, les formes intriquées, asthme ancien évoluant vers une BPCO par exemple, rendent le diagnostic moins aisé.
Vaccination antigrippale
En ce qui concerne la prise en charge thérapeutique, la question de l’éviction de potentiels allergènes est moins déterminante que pour les formes « jeunes ». À l’ordre du jour, l’abstinence tabagique et l’évitement des polluants intérieurs irritants (aérosols ménagers, composés organiques volatils, etc.). Les règles du traitement médicamenteux (basées sur les recommandations du GINA) s’appliquent quel que soit l’âge, le traitement de l’asthme comportant plusieurs paliers, selon sa sévérité, en tenant compte du fait que les formes d’asthme des seniors sont plus sévères et difficiles à contrôler.
Autres particularités, la fréquence des comorbidités et les ordonnances plus longues ; certains médicaments peuvent aggraver un asthme (β-bloquants per os ou en collyre). Par ailleurs, « la vaccination antigrippale est particulièrement recommandée », insiste le Dr Magar. Sur ces asthmes modérés et sévères persistants (palier 3 et au-delà), le traitement combine bronchodilatateur à longue durée d’action et corticoïde inhalé (CI), sous forme d’association fixe le plus souvent, l’objectif étant le bon contrôle. « S’il est obtenu, et durable, sur plusieurs mois, on peut tenter de diminuer les doses (celle de CI), suggère-t-il, pour atteindre la dose minimale efficace et réduire ainsi le risque de complications (ostéoporose, trophicité cutanée ou candidose buccale) ». Le traitement de secours, bronchodilatateur de courte durée d’action, doit le rester, c’est-à-dire être utilisé moins de trois fois par semaine. Un contrôle spirométrique annuel est souhaité pour les formes sévères de la maladie. La voie inhalée peut s’avérer aléatoire en raison de troubles de la coordination des mouvements ou de leur limitation. « Dans ces conditions, conseille le Dr Magar, mieux vaut proposer un médicament sous forme de poudre sèche ou en chambre d’inhalation, et dans tous les cas prendre le temps de vérifier, à chaque nouvelle consultation, la technique de prise ». Enfin, l’éducation thérapeutique est précieuse qui permet d’apprivoiser les dispositifs et de repérer les symptômes d’aggravation.
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