SAOS et Covid-19 : un surrisque conséquent d’hospitalisation et décès

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Publié le 09/12/2021

Les hypoxies nocturnes semblent être un facteur péjoratif notable lors d’infection à Covid-19, ce qui plaide pour le maintien de la thérapie par pression positive continue, malgré les risques d'aérosolisation qui ont été soulevés.

Crédit photo : phanie

L’impact d’un SAOS, et de l’hypoxémie nocturne qui y est associée, sur l’infection à Covid-19, reste méconnu. Et la continuation même du traitement par pression positive, vu le rôle de l’aérosolisation sur la contagion, est sujette à controverse. Alors, que penser ? Une étude cas-contrôle vient éclairer le débat. Elle montre que l’hypoxie nocturne associée au SAOS majore à la fois les hospitalisations et les décès - augmentés d’un tiers - dus à l’infection à Covid-19 (1). Ce qui ne prêche guère pour l’interruption du traitement du SAOS par pression positive.

Une étude cas-contrôle intégrant plus de 5 000 cas de SAOS

Cette étude cas-contrôle a été menée dans la base du système des cliniques Cleaveland, en Ohio et en Floride. Tous les patients ayant eu une polysomnographie et par ailleurs testés positifs pour le Covid-19 entre mars et novembre 2020 ont été inclus. L’indice de gravité du SAOS et le statut Covid-19 ont été évalués et le pronostic de l’infection à Covid-19 tirée des registres institutionnels. Un score de propensité a ensuite été utilisé pour comparer les cas aux contrôles.

Au sein des cliniques participantes, plus de 350 000 personnes ont été testées pour le Covid-19 sur la période incriminée. Parmi elles, 5 400 avaient précédemment eu une polysomnographie, dont 1935, soit 36 %, ont eu un test Covid-19 positif entre mars et novembre 2020. Ces 5 400 personnes porteuses de SAOS ont 56 ans d’âge moyen. Parmi elles, 56 % sont des femmes, 60 % sont blanches, 31 % sont noires et 15 % sont d’une autre ethnie.

Les sujets ayant un SAOS et Covid-19 + ont, comparativement aux sujets SAOS Covid-19 (-), un indice d’apnée/hypopnée (AHI) médian plus élevé (scores médians : AHI 16 vs. 13 évènements/heure ; p < 0,001) et plus souvent un temps de sommeil total (TST) inférieur à 90 minutes (1,8 % des sujets SAOS Covid-19 (+) ont un TST < 90 min vs. 1,4 % des SAOS Covid-19 (-) ; p = 0,02).

Toutefois, après analyse utilisant les scores de propensité (donc après prise en compte des facteurs confondants tels l’existence d’une maladie cardiopulmonaire, d’un cancer ou d’un tabagisme), la sévérité du SAOS gradé sur l’hypoxie n’est pas associée à un pronostic plus péjoratif de l’infection à Covid-19, en termes d’excès d’hospitalisation ou de décès.

En revanche, un TST médian inférieur à 90 mn est pour sa part significativement plus péjoratif lors infection à Covid-19 (RR ajusté = 1,4 [1,1-1,7] ; p = 0,005). Mais cela concerne très peu de patients de cette cohorte (de 1,5 à 2 %).

Enfin, l’analyse en temps avant évènement montre pour sa part que l’hypoxie nocturne est associée à une augmentation significative, de 31 %, du taux d’hospitalisation et décès par Covid-19 (RR ajusté = 1,3 [1,1-1,6] ; p = 0,005). Présenter un SAOS avec hypoxie nocturne semble donc dégrader nettement le pronostic, quasi indépendamment de la gravité du SAOS lui-même.

(1) CP Orbea et al. Association of Sleep-Related Hypoxia With Risk of Covid-19 Hospitalizations and Mortality in a Large Integrated Health System. JAMA Open 2021 ;4(11):e2134241

Pascale Solère

Source : lequotidiendumedecin.fr