DE NOTRE CORRESPONDANTE
« NOUS AVONS identifié une nouvelle cible intéressante pour le traitement de la fibrose pulmonaire sévère et cette cible - la bêta-arrestine (barrestine) - se prête au développement de petites molécules inhibitrices », explique au « Quotidien » le Dr Paul Noble (Duke University Medical Center, Durham). « Notre prochaine étape sera de développer des inhibiteurs des bêta-arrestines qui puissent être évalués dans des essais cliniques, avec l’espoir d’arrêter la fibrose pulmonaire. »
La fibrose pulmonaire idiopathique est caractérisée par une fibrose progressive, avec un dépôt permanent de matrice extracellulaire, qui entraîne une distorsion de l’architecture pulmonaire et une perturbation des échanges gazeux conduisant à l’insuffisance respiratoire fatale.
Il n’existe aucun traitement médical améliorant la survie ou la qualité de vie, et la médiane de survie n’est que de 2 à 3 ans.
Si la cause reste inconnue, on considère actuellement que la FPI est un trouble fibroblastique épithélial qui résulte d’une réponse fibreuse inappropriée.
Lovgren, Noble et coll. ont cherché à savoir si les bêta-arrestines 1 ou 2 jouent un rôle dans le développement de la fibrose pulmonaire.
On sait que les bêta-arrestines régulent les récepteurs couplés aux protéines G à travers une désensibilisation et une internalisation du récepteur, tout en servant d’échafaudage du signal pour faciliter de nombreuses voies effectrices.
Des souris protégées.
Dans le modèle murin de fibrose pulmonaire induite par la bléomycine, les chercheurs montrent que la perte de la bêta-arrestine 1 ou 2 protège les souris de la mortalité, du dépôt excessif de matrice extracellulaire, et protège leur fonction pulmonaire après le traitement par la bléomycine.
Les fibroblastes pulmonaires provenant des souris génétiquement déficientes en bêta-arrestines et traitées par bléomycine sont incapables d’envahir la matrice extracelluaire et présentent une expression altérée des gènes intervenant dans la production et la dégradation de la matrice. De plus, l’inactivation de la bêta-arrestine-2 dans des fibroblastes provenant de patients atteints de FPI atténue le processus invasif.
« Ces données démontrent que la perte des bêta-arrestines protège contre le développement de la fibrose pulmonaire, en limitant la capacité des fibroblastes à envahir la membrane basale et a déposer un excès de collagène et de matrice extracellulaire », notent les chercheurs.
« De plus, nous démontrons que le retrait aigu de l’une ou l’autre des béta-arrestines dans les fibroblastes malades de la souris, ou le retrait de la bêta-arrestine-2 dans les fibroblastes des patients atteints de FPI, engendre une réduction importante du potentiel pathologique de ces cellules. »
« Ces résultats suggèrent que des inhibiteurs des bêta-arrestines délivrés localement pourraient procurer des agents thérapeutiques potentiels pour la FPI ainsi que pour d’autres types de fibrose pulmonaire. »
Science Translational Medicine, 16 mars 2011, Lovgren et coll.
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