Moins de lésions au cours de la ventilation

Un peu d’hydrogène avec l’oxygène

Publié le 18/05/2011
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UNE MESURE préventive importante chez les patients soumis à une oxygénothérapie est suggérée au congrès annuel de l’American Thoracic Society (à Denver, Colorado). Démontrée pour l’instant chez l’animal, elle permettra, si elle est confirmée chez l’humain, de limiter les conséquences délétères de l’inhalation d’oxygène à forte concentration. Il s’agirait, tout simplement, d’ajouter un peu d’hydrogène au mélange respiré.

Comme le rappellent Tomohiro Kawamura et coll. (Université de Pittsburg), l’oxygénothérapie à forte concentration peut devenir toxique et créer des lésions pulmonaires conduisant à une insuffisance respiratoire. Ils ont formé une hypothèse fondée sur les puissants effets antioxydants et antiinflammatoires de l’hydrogène. Une enzyme, l’hème oxygénase (HO-1) qui dégrade l’hème est fortement induite par le stress oxydatif et protège contre les dégâts d’origine oxydative. Sur des modèles de stress oxydatif, l’induction d’HO-1 protège des lésions délétères, y compris celles liées à l’hyperoxie.

Les chercheurs ont donc pris quatre groupes de rats. Ils les ont exposés pendant 60 heures, pour deux d’entre eux à de fortes doses d’O2 (98 %) associées soit à l’hydrogène (2 %), soit à de l’azote (2 %), pour les deux autres aux mêmes associations, mais avec de l’O2 à concentration normale.

Les comparaisons entre groupes de rongeurs montrent que la forte teneur en O2 associée à l’azote lèse sévèrement la fonction pulmonaire, entraîne une inflammation locale avec œdème. Il s’y ajoute une surrégulation des ARNm du TNF-alpha, de l’ICAM-1 et de l’IL6. Lorsqu’il s’agit d’une association à l’hydrogène l’œdème est moindre, la PO2 s’élève, la fonction pulmonaire s’améliore et l’inflammation est moindre par sous-régulation des ARNm. L’hydrogène permet une élévation des ARNm de l’HO-1 qui pourrait en constituer la base de l’action thérapeutique.

Les auteurs pensent que l’hydrogène pourrait être également utile, non seulement, dans les formes aiguës, mais aussi dans certaines affections chroniques, telle la BPCO, dont il pourrait ralentir l’évolution.

Il ne reste plus qu’à établir l’innocuité de cette option thérapeutique avant d’envisager son application en thérapeutique.

Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8965