Une alimentation riche en fibres solubles atténue l’asthme

Publié le 07/01/2014
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Crédit photo : S. Toubon

Une alimentation riche en fibres solubles, pectine des fruits et légumes par exemple, pourrait protéger contre l’asthme atopique, révèle une étude chez la souris. Le mécanisme de ce nouveau bienfait a été élucidé. En métabolisant les fibres solubles, les bactéries intestinales libèrent dans la circulation sanguine des acides gras à chaîne courte (AGCC), comme le propionate ; ceux-ci influencent l’hématopoïèse en augmentant la production de cellules dendritiques qui, une fois dans les poumons, sont incapables de déclencher une réponse allergique.

« Nos résultats relient directement la quantité de fibres fermentescibles (ou solubles) dans l’alimentation a une protection contre l’inflammation allergique dans les poumons des souris (un modèle expérimental d’asthme atopique) », explique au « Quotidien » le Dr Benjamin Marsland, pneumologue a l’université de Lausanne (Suisse), qui a dirigé l’étude publiée dans Nature Medicine.

« Nous avons découvert un mécanisme pour cet effet protecteur. Le métabolisme des fibres alimentaires solubles par les bactéries intestinales libère des acides gras à chaînes courtes (AGCC) et ces molécules vont dans la circulation sanguine et changent la fonction des cellules immunes appelées cellules dendritiques (CD). Lorsque ces CD façonnées par les AGCC atteignent le poumon, elles sont incapables de déclencher la réponse allergique, et les souris sont donc protégées. »

Un traitement des souris par le propionate, un des 3 principaux AGCC, réduit aussi l’inflammation allergique dans les poumons et procure le même effet protecteur que l’alimentation riche en pectine.

« Notre travail montre que la composition de notre alimentation peut influencer notre système immunitaire à un niveau fondamental – elle peut façonner la génération de cellules immunes (cellules dendritiques) dans la moelle osseuse. Ces cellules immunes migrent alors dans divers tissus, y compris les poumons, ou elles influencent le développement des réponses allergiques. »

Ce travail souligne ainsi l’importance des fibres fermentescibles dans l’alimentation, un composant en baisse au cours des récentes décennies. Il soulève aussi la possibilité de l’utilisation des AGCC dans les futurs traitements. « Nous allons maintenant examiner comment l’alimentation influence d’autres types de réponses immunes dans les poumons, comme la réponse provoquant la broncho-pneumopathie chronique obstructive ou la réponse protégeant contre les infections. Nous envisageons aussi de conduire des études cliniques pour évaluer l’impact sur l’allergie d’une alimentation enrichie en fibres fermentescibles ».

Nature Medicine, 5 janvier 2014, Trompette et coll.

Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : lequotidiendumedecin.fr