DE NOTRE CORRESPONDANTE
LA FIBROSE pulmonaire idiopathique (FPI) est une maladie fibroproliférative caractérisée par une lésion alvéolaire diffuse et une fibrose sévère, entraînant une aggravation progressive de la fonction pulmonaire et des échanges gazeux.
Elle débute entre 60 et 70 ans, et la médiane de survie est d’environ trois ans. Aucun traitement n’améliore la survie.
L’évolution est toutefois très variable, certains patients restant stables longtemps, d’autres présentant une progression très rapide. On ne sait pas bien pourquoi certains patients progressent rapidement. Des infections virales, principalement le virus d’Epstein Barr (EBV), ont été identifiées dans les poumons des patients atteints de FPI, et pourraient être impliquées dans la progression.
Une équipe de l’université médicale du Michigan (Ann Arbor) avait précédemment trouvé des taux élevés du TLR9 (Toll-Like Receptor 9) dans les biopsies pulmonaires des patients atteints de FPI et avait montré que l’expression accrue du TLR9 sur les fibroblastes pulmonaires des patients peut favoriser in vitro la différenciation des myofibroblastes.
Des progresseurs rapides.
Le récepteur TLR9 est un mécanisme du système immunitaire inné qui détecte les dinucléotides ADN CpG non méthylés d’origine bactérienne ou virale.
Dans la nouvelle étude de Trujilo et coll, publiée dans la revue « Science Translational Medicine », l’équipe a donc cherché à savoir si TLR9 pourrait prédire une progression rapide.
Ils ont étudié 23 patients diagnostiqués avec une FPI, parmi lesquels 8 furent classés comme des progresseurs rapides durant la première année de suivi.
Résultat, les taux du TLR9 sont effectivement plus élevés dans les biopsies pulmonaires des patients progresseurs rapides, comparés aux autres patients (témoins). De plus, les fibroblastes des progresseurs rapides sont plus sensibles à l’agoniste du TLR9, l’ADN CpG, comparés aux fibroblastes des patients témoins.
Par ailleurs, dans un modèle murin (souris immunodéficiente combinée sévère humanisée), l’injection intraveineuse de fibroblastes pulmonaires des patients progresseurs rapides provoque une fibrose plus sévère en raison d’une inflammation accrue (vraisemblablement causée par l’activation TLR9), comparé à l’injection de fibroblastes pulmonaires des patients témoins.
Cette fibrose est aggravée par des expositions intranasales au CpG. De plus, le CpG induit la différenciation des monocytes sanguins en fibrocytes et la transition mésenchymateuse des cellules épithéliales pulmonaires.
« Ces résultats suggèrent que le TLR9 pourrait être impliqué dans la pathogenèse de la fibrose pulmonaire idiopathique rapidement progressive, et pourrait servir de marqueur potentiel pour ce sous-groupe de la maladie », concluent les chercheurs.
Promoteur de la fibrose.
« Le TLR9 fonctionne normalement comme un détecteur d’infections virales et bactériennes. Notre étude identifie un nouveau rôle pour le TLR9 : promoteur de fibrose », déclare au Quotidien le Dr Trujilo. « L’expression du TLR9 dans les poumons des patients affectés de FPI est un facteur de prédiction potentiellement puissant de la progression de la FPI et constitue une cible pour améliorer les options thérapeutiques. »
« En outre, l’identification du TLR9 comme un amplificateur de fibrose pourrait être utile pour élucider les mécanismes d’exacerbation dans les maladies fibrosantes. »
« Nous étudions maintenant les mécanismes qui sont à l’origine de l’augmentation anormale de l’expression du TLR9 dans les poumons des patients FPI, ainsi que les voies cellulaires qui sont altérées par sa surexpression dans la fibrose. »
Science Translational Medicine, 10 novembre 2010, Trujilo et coll.
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