LE NOMBRE DE PATIENTS atteints de maladies respiratoires chroniques augmente, et par là même l’incidence et la prévalence de l’insuffisance respiratoire chronique (IRC). Ceci est notamment lié au vieillissement de la population, et à la prévalence croissante avec l’âge de certaines maladies respiratoires comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), première cause d’IRC. L’évolution est émaillée d’exacerbations, principales causes d’hospitalisation au cours de la BPCO. La fréquence des exacerbations est plus élevée dans les formes sévères de maladie. Les patients dits « fréquents exacerbateurs » sont souvent des femmes. « Dans ce domaine, conséquence d’un tabagisme débuté souvent précocement est d’une plus grande sensibilité, les femmes rattrapent les hommes », note le Pr François Chabot.
Certaines étiologies d’IRC, notamment les séquelles de tuberculose et la cyphoscoliose ont fortement régressé tandis que d’autres à l’inverse sont plus fréquentes. C’est le cas de l’obésité, qui peut aggraver d’autres causes d’IRC ou même induire une IRC : c’est le syndrome obésité hypoventilation, association d’une obésité et d’une IRC hypercapnique en l’absence d’autre maladie respiratoire. La mucoviscidose et les maladies neuromusculaires, auparavant létales dès l’enfance ou l’adolescence, désormais évoluent vers des complications respiratoires chez l’adulte.
Le traitement de l’IRC est global avec le traitement spécifique de l’affection causale, la suppression des facteurs de risque et le traitement des comorbidités (maladies cardio-vasculaires, ostéoporose, dépression) qui est essentiel. Des progrès importants ont été réalisés dans les traitements de l’insuffisance respiratoire chronique, avec de nouveaux dispositifs pour l’oxygénothérapie de longue durée et la ventilation non invasive (VNI). Le syndrome obésité hypoventilation s’accompagne d’un syndrome d’apnées obstructives du sommeil dans la grande majorité des cas, qui doit être pris en compte pour adapter la VNI. Il faut à cet égard souligner les bénéfices d’une perte de poids notable, telle qu’obtenue après chirurgie bariatrique, qui améliore la ventilation et les apnées de la plupart des patients. « La VNI est de plus en plus utilisée dans l’IRC hypercapnique. L’évolution des techniques, la prise en compte des effets de la ventilation sur le sommeil par des enregistrements polygraphiques nocturnes ont permis d’améliorer la qualité de vie des patients traités. La prise en charge de la VNI s’est simplifiée, sous réserve du respect de règles précises », insiste le Pr Chabot. Les progrès de ces traitements ne doivent pas faire méconnaître les indications, exceptionnelles et réservées à des formes très sévères d’IRC, d’autres traitements comme la réduction de volume pulmonaire chirurgicale ou endoscopique et la transplantation pulmonaire.
Enfin, l’insuffisance respiratoire aiguë représente la principale complication de l’IRC. Dans ce cadre, la VNI a fait la preuve de son efficacité, liée à l’expérience des équipes soignantes et à la sélection des indications, en particulier lors d’exacerbations de BPCO et l’œdème pulmonaire cardiogénique. Elle réduit le recours à l’intubation, la durée d’hospitalisation et les coûts de séjours, et améliore le pronostic, avec une réduction de l’incidence d’infection nosocomiale. Ses indications sont cependant controversées dans d’autres étiologies, comme l’exacerbation aiguë des pneumopathies interstitielles diffuses ou l’asthme aigu grave. Les travaux actuels visent à améliorer les indications, la tolérance et la synchronisation du ventilateur au patient, qui conditionnent les résultats.
D’après un entretien avec le Pr François Chabot, CHU de Nancy.
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