En 1983, l'équipe de l'INSERM dirigée par le Pr Jean-Charles Schwartz, fait la découverte du récepteur H3 à histamine H.
Ce récepteur se trouve essentiellement dans le cerveau et sa distribution correspond à celles des circuits neuronaux de l'éveil. Dans la narcolepsie, il y a une destruction des neurones hypothalamiques sécrétant les oréxines (peptides qui contrôlent l'éveil). Cependant, l'augmentation du nombre de neurones histaminergiques permet de compenser partiellement cette destruction. À partir de cette découverte, les chercheurs ont essayé d'activer la synthèse et la libération d'histamine, en bloquant le récepteur H3 (après clonage et analyse moléculaire de ce dernier) présent à la surface des neurones histaminergiques, qui se trouvent dans l'hypothalamus postérieur. À partir de ces premiers éléments, quatre équipes : L'INSERM, l'University College de Londres, l'Université libre de Berlin et le laboratoire Bioproject (fondé par Jeanne-Marie Lecomte et le Pr Jean-Charles Schwartz) ont collaboré dans le but de trouver des candidats médicaments permettant l'activation de la synthèse et la libération d'histamine.
L'étude Harmony
Parmi plusieurs milliers de molécules le pitolisant est synthétisé, avec 7 autres candidats médicaments. Ce pitolisant sera finalement retenu, après que l'équipe du Pr Jien-Sheng Lin (laboratoire du Pr Michel Jouvet Université Claude Bernard de Lyon) a démontré son effet bénéfique sur des modèles animaux de narcolepsie. Plusieurs études ont permis de démontrer l'efficacité clinique de Wakix. Tout d'abord, l'étude Harmony, comprenant 110 patients recrutés par 32 centres du sommeil venant de 5 pays européens, met en avant la supériorité de Wakix par rapport au placebo et une efficacité similaire à celle du modafinil. Pour cela, les experts se sont basés sur le score à l'Echelle de Somnolence d'Epworth (ESE) : avec Wakix, 60 % des patients obtiennent un score supérieur à 11 (quasi-normalisation). Par ailleurs, avec Wakix, les crises de cataplexie (perte brutale et momentanée du tonus musculaire) sont diminuées de 62 %, alors que le modafinil et les psychostimulants sont inefficaces sur ces évènements. Ces résultats ont été confirmés par l'étude Harmony CPT comprenant 106 patients ayant au moins 8 crises par semaine et un score ESE très élevé (17). Cette étude a également prouvé l'efficacité de Wakix après 8 semaines de traitement : la fréquence moyenne des crises est réduite de 75 %, et Wakix a également un effet favorable sur les hallucinations. Enfin, l'étude Harmony III a étudié l'efficacité et la tolérance de Wakix à long terme. Il est déjà constaté que l'efficacité de Wakix se maintient à un an, et qu'un bon profil de tolérance se dessine sur des patients traités depuis 4 ans : les effets indésirables, tels que nausées, céphalées, anxiété… sont rares, modérés et réversibles. L'ensemble des résultats de ces différentes études cliniques ont abouti à l'autorisation de Wakix au plan européen (EMEA - COMP). Ces études ont été présentées par le Pr Yves Dauvilliers (Montpellier) au congrès de l'ERS.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?