Comment s'assurer que le rapport de la Cour des comptes appelant à redessiner le parcours de soins et la gouvernance de la pédopsychiatrie ne vienne grossir la pile des travaux documentant la crise de la discipline tout en restant lettre morte ? La Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et des disciplines associées (Sfpeada) appelle à des Assises de la refondation pour définir une vraie stratégie nationale en matière de pédopsychiatrie, dans un communiqué publié ce 23 mars. L'occasion de traduire en actes plusieurs mesures de la rue Cambon et d'en approfondir d'autres.
La Sfpeada reprend notamment à son compte la nécessité de redéfinir le rôle du délégué ministériel, qui aurait vocation à devenir interministériel et à englober la psychiatrie d'enfant et d'adolescent de façon plus explicite. Elle demande concrètement la nomination d'un pédopsychiatre au sein de cette nouvelle délégation.
La société savante soutient aussi le souci de renforcer la formation initiale et continue des intervenants de première ligne, de valoriser les disciplines associées et de créer plusieurs postes universitaires sur chaque territoire.
Réserves autour des maisons des enfants et adolescents
En matière de parcours de soins, la Sfpeada plaide pour une offre graduée où les centres médico-psychologiques infanto-juvéniles seraient en deuxième ligne, « avec certaines délégations de tâches ». Mais elle prévient : « la mise en place de maisons des enfants et des adolescents (en première ligne, selon la Cour, NDLR) ne saurait être une solution sans un véritable pilotage régional multidisciplinaire, qui reste à définir ». Celui-ci pourrait se concrétiser par un Plan territorial de santé mentale (PTSM) dédié à la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent.
La Sfpeada attire aussi l'attention sur l'importance de mieux articuler les secteurs médico-social et sanitaire, au niveau national et régional, puisque certains troubles, en particulier les troubles du neurodéveloppement (TND), relèvent à la fois de la psychiatrie et du handicap.
La valorisation des libéraux oubliée
En revanche, la Sfpeada souligne qu'une implication plus forte du libéral dans les prises en charge des jeunes est impossible sans une revalorisation importante des actes de pédopsychiatrie, qui sont « longs et complexes ».
Le Syndicat national des psychiatres privés (SNPP), est lui, beaucoup plus acerbe. « Quelle n’a pas été notre surprise de découvrir qu’aucune recommandation ne vient soutenir l’exercice en ville ! », dont la rémunération est « désincitative », lit-on sous la plume du Dr Élie Winter, secrétaire général adjoint de l'Association française et du Syndicat national des psychiatres d'exercice privé (AFPEP-SNPP). « La seule proposition concernant les psychiatres de ville au bord de l’épuisement consiste à vouloir leur imposer de participer au service de gardes et astreintes le week-end. Faut-il les décourager ? », s'interroge-t-il.
Le SNPP appelle à intégrer trois mesures d’urgence dans le règlement arbitral en cours d’élaboration après l'échec des négociations entre la Cnam et les libéraux : l'augmentation du CNPSY pour toute consultation psychiatrique à 60 euros ; l'autorisation d'une double facturation 2 CNPSY (un acte pour l'enfant, un pour les parents) pour les consultations en deux temps ; et une valorisation des actes de pédopsychiatrie, en remplaçant les cotations MPF et MP actuelles par un MP global égal à ½ CNPSY applicable jusqu’à 26 ans. Pour les dépenses publiques, « le surcoût serait minime, et une large part des demandes pourrait ainsi immédiatement trouver des réponses avec des suivis de qualité, soulageant ainsi le service public », conclut le syndicat.
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