« TOUTES les enquêtes internationales le confirment : le TDAH concerne 5 % des enfants, quels que soient le milieu socioculturel et les régions du monde. Or l’offre de soins est extrêmement limitée et, par exemple, à l’hôpital Robert-Debré à Paris, le délai d’attente pour une consultation est de 18 mois à deux ans. Pourquoi un syndrome si répandu, qui fait l’objet de tant de recherches, est-il aussi mal reçu en France ? », interroge le Dr François Bange.
De plus, on estime qu’un quart des enfants ayant un TDAH auraient toujours des symptômes invalidants à l’âge adulte. L’hyperactivité tend à disparaître à la puberté, et les patients adultes souffrent surtout du retentissement personnel, familial et professionnel de l’impulsivité et du déficit d’attention, avec leurs conséquences sur l’organisation des tâches. En particulier, de nombreuses femmes sont très gênées pour mener de front vie professionnelle et responsabilités de mère de famille. « L’anamnèse retrouve alors la notion d’hyperactivité ou de déficit d’attention dans l’enfance, de difficultés scolaires, familiales. Pourtant, en pratique, le diagnostic est souvent négligé chez l’adulte, sans doute du fait de la fréquence des pathologies associées, qu’il s’agisse de l’anxiété, des troubles de l’humeur ou d’addictions (alcoolisme, toxicomanies). La dépression, le trouble bipolaire, ou encore la toxicomanie, doivent être traités prioritairement. En cas de troubles de la personnalité, de troubles anxieux, de dysthymie, le regard sur le TDAH aide à comprendre les causes de la souffrance », note le Dr Bange.
Le fait de poser le diagnostic est quasiment un acte thérapeutique en soi : le patient a une explication à ses symptômes. Il importe ensuite de mettre en place des mesures psycho-éducatives. Les TCC ne ciblent pas directement le TDAH – leur impact sur l’impulsivité et le déficit d’attention fait l’objet d’expérimentations -, mais elles permettent d’agir sur l’estime de soi et l’anxiété.
« L’objectif est d’aider le patient à mettre en place des stratégies d’adaptation, mais il est plus facile pour un adulte d’organiser sa vie que pour un enfant. De ce fait, la prescription médicamenteuse (méthylphénidate), qui se fonde sur les mêmes principes qu’en pédiatrie, est beaucoup plus rare chez les adultes », conclut le Dr Bange.
D’après un entretien avec le Dr François Bange, hôpital Robert-Debré, Paris.
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